Le procès en diffamation opposant la musulmane militante féministe Dalila Awada à la militante laïque Louise Mailloux n'est pas encore commencé, mais un nouveau chapitre est en train de s'écrire.

Mme Mailloux demande à la Cour supérieure de déclarer Me Anne-France Goldwater inhabile à agir dans le dossier, au motif qu'elle épouse la cause de sa cliente, Mme Awada, et qu'elle en veut personnellement à Mme Mailloux et au Parti québécois. L'avocate n'aurait pas la distance requise pour agir, selon Mme Mailloux, qui l'accuse aussi de s'être livrée à de l'intimidation envers elle.

Mme Mailloux en veut pour preuve les commentaires que l'avocate Goldwater a écrits à son endroit et celui du PQ sur sa page Facebook.

Parmi ces commentaires on retrouve :

Le 18 mars 2014 : «Je parle de cette lunatique Louise Mailloux, qui devrait être un embarras pour Pauline, compte tenu de ses opinions antisémites...» 

18 mars 2014 : C'est dur à croire dans l'année 2014, mais nous faisons face à un parti politique qui prend un plaisir malin à établir deux classes de citoyens : les vrais francophones de souche qui sont les «vrais» citoyens et «les autres.» Moi j'appartiens aux autres, et je sais que si ce parti est élu, il n'y aura plus de place pour moi. Ni pour aucun anglophone. Ni pour aucun Juif. Ni pour aucun musulman. Ni pour aucun immigrant. 

8 nov. 2014 : «Cette vieille fable sur la taxe cachère? Comment pouvez-vous être aussi ignorant? Je vais utiliser votre remarque dans ma cause contre Louise Mailloux, pour appuyer mon argument qu'elle répand un discours haineux contre les Juifs, et que vous êtes un membre consentant de cette communauté qui croit n'importe quelle foutaise à notre endroit...» 

120 000 $

Rappelons que Mme Awada, soutenue par Me Goldwater, a intenté une poursuite en diffamation contre Mme Mailloux en mai 2014, lui réclamant 120 000 $ en dommages moraux et punitifs. Mme Mailloux a répliqué à la fin janvier par une demande reconventionnelle de 68 000 $. Mme Mailloux estime que c'est elle qui a été diffamée, principalement par Me Goldwater. La requête pour faire déclarer inhabile Me Goldwater et les autres membres de son cabinet a été déposée vendredi. Un autre argument invoqué par Me Patrick Ouellet, qui représente Mailloux, est le fait que Me Goldwater pourrait être appelée comme témoin, vu qu'elle «a participé au battage médiatique ayant pour but de discréditer la défenderesse Mailloux...»

Dans une lettre adressée à l'avocat de Mme Mailloux, le 23 janvier dernier, le cabinet de Me Goldwater a indiqué qu'il n'y avait aucun fondement pour qu'elle soit déclarée inhabile.

«Mme Awada a droit à l'avocat de son choix dans ce litige que chacun des défendeurs conteste âprement. Votre cliente a choisi un cabinet de haut calibre pour la représenter, ce qui est son droit le plus strict. Elle ne peut contraindre la demanderesse à se priver des services d'une avocate chevronnée comme Me Goldwater afin que les parties se retrouvent à «armes égales», lit-on dans cette lettre.