Au procès de Guy Lafleur, l'ancien joueur vedette du Canadien de Montréal, les avocats ont fini lundi midi de présenter leur preuve.

Les plaidoiries débuteront mercredi après-midi. Il s'agit de la troisième semaine de procès de cette poursuite civile de 2,16 millions $ intentée par M. Lafleur contre une policière, la Ville de Montréal, une procureure de la Couronne et le Procureur général du Québec.

L'ancien joueur de hockey a été arrêté et accusé en 2008 pour avoir supposément offert des témoignages contradictoires dans la cause criminelle de son fils Mark, afin que celui-ci puisse être remis en liberté.

Dans un premier témoignage, il n'avait pas déclaré que Mark avait passé deux nuits à l'hôtel avec sa petite amie lors de sorties d'un centre de réhabilitation où il habitait le reste du temps, sur ordre du tribunal. Dans un interrogatoire subséquent, Guy Lafleur l'a mentionné. Se faisant souligner cette différence, M. Lafleur avait alors dit que personne ne lui avait posé la question la première fois et qu'il ne lui était pas passé par la tête de le mentionner au juge. Condamné par la Cour supérieure, il a ensuite été acquitté par la Cour d'appel en 2010.

Après les plaidoiries, le juge André Wery de la Cour supérieure, qui préside le procès actuel, devra trancher si Guy Lafleur a été accusé sans fondement, comme il le prétend, et si le lancement d'un mandat d'arrestation contre lui - plutôt qu'une simple citation à comparaître - était justifié.

Il devra aussi déterminer si l'homme de 63 ans a subi des dommages en lien avec ses démêlés en justice. M. Lafleur a témoigné lors du procès pour obtenir ses contrats de publicité et de commandite en raison de son nom et de sa réputation. Il affirme que son arrestation et son accusation lui ont fait perdre de tels contrats.

M. Lafleur réclame de plus des dommages moraux pour toute l'angoisse qu'il dit avoir subie et l'atteinte à sa réputation. Il ajoute à cela une réclamation en dommages punitifs. Dans son témoignage, il a dit avoir vécu un enfer durant toutes ces années, qui ont durement affecté sa famille, dont sa femme, qui a même perdu la voix et a dû rester alitée de nombreux mois.

En défense, le service policier et la Couronne maintiennent qu'il était tout à fait justifié de procéder par mandat d'arrestation et de déposer des accusations vu la gravité du crime reproché, soit des témoignages contradictoires devant un juge.

Lori Renée Weitzman - maintenant juge à la Cour du Québec, mais qui était à l'époque l'une des procureures de la Couronne au dossier de Guy Lafleur - a témoigné par déclaration assermentée qui a été déposée au procès.

Elle y affirme qu'elle était «moralement convaincue qu'une infraction criminelle a été commise», et qu'elle était raisonnablement convaincue de pouvoir établir la culpabilité de Guy Lafleur.

Elle ajoute avoir gardé cette conviction tout au long des procédures. Pour elle, il «s'agissait d'un crime qui affecte les valeurs fondamentales sur lesquelles repose notre système de justice».

Quant au mandat d'arrestation, elle maintient qu'il était légal et légitime d'avoir recours à ce mode d'accusation.

D'autres procureurs au dossier, dont les trois procureurs en chef adjoints, ont aussi témoigné par déclaration écrite qu'ils étaient tous d'accord avec la décision de déposer des accusations de témoignage contradictoire contre l'ancien joueur du Canadien.

Quant à Guy Lafleur, il a témoigné plus tôt lors du procès qu'il croyait que Mme Weitzman avait été nommée juge pour avoir réussi à le faire condamner, puisque sa nomination à la magistrature était survenue peu après.

Il peut s'écouler de nombreux mois avant qu'un jugement ne soit rendu dans cette affaire.