Bien déterminé à ce que la firme Roche obtienne le contrat de génie pour la réfection de l'usine de filtration des eaux à Boisbriand, Gilles Cloutier a fait pression sur le maire Robert Poirier, en 2005.

«C'est à mon tour. Avec toutes les choses que j'ai faites, j'ai pas eu grand-chose. J'ai toujours payé à toutes les élections, et on n'a rien eu», s'est plaint M. Cloutier. Ce à quoi le maire aurait rétorqué: «Parles-en à Gagnon [Jean-Guy Gagnon, organisateur financier du maire Poirier], il va être sur le comité de sélection.»

C'est ce que M. Cloutier, ancien spécialiste des élections clés en main et ex-vice-président au développement des affaires de Roche, a raconté hier, alors qu'il poursuivait son témoignage au procès sur la collusion à Boisbriand. Au banc des accusés, on retrouve M. Poirier, maire de 1998 à 2005, France Michaud, qui était vice-présidente de Roche, et Rosaire Fontaine, employé de la firme BPR-Triax. Les accusations de complot, de fraude et d'abus de confiance couvrent la période de 2000 à 2009.

M. Cloutier a aussi raconté qu'après des discussions entre des représentants de Roche, BPR-Triax et Groupe Séguin, il y avait eu entente pour que ce soit Roche qui passe. M. Cloutier, qui témoignait depuis une quarantaine de minutes, a voulu rapporter ce qui s'était dit à ce sujet lors d'un repas au restaurant Le Mirage, à Laval, mais un des avocats de la défense, Me Charles Levasseur, s'y est opposé.

Point de droit

Cette objection, qui a trait à certaines règles complexes du ouï-dire, a entraîné des discussions entre les avocats, une suspension d'une heure et d'autres discussions. Finalement, un peu après midi, le juge Normand Bonin a décidé d'ajourner le procès à demain, pour se donner le temps de trancher la question.

M. Cloutier est le deuxième témoin de ce procès. Une vingtaine de témoins en tout doivent être entendus lors de ce procès qui doit durer cinq semaines.