Le premier Canadien reconnu coupable en vertu d'une nouvelle loi criminalisant les tentatives de joindre un groupe terroriste s'est vu imposer jeudi la peine maximale prévue, soit 10 ans de prison. Son avocat affirme cependant que son client a été piégé.

Un jury de la Cour supérieure de l'Ontario à Brampton avait reconnu, en mai, Mohamed Hassan Hersi coupable d'avoir tenté de participer aux activités d'un groupe terroriste, et d'avoir conseillé à une personne de participer à une activité terroriste.

Jeudi, la juge Deena Baltman a condamné le Torontois de 28 ans à des peines consécutives de cinq ans pour chaque chef d'accusation, indiquant qu'il s'apprêtait à devenir un «touriste de la terreur».

Hersi s'est dit victime d'abus de procédure - il affirmait notamment avoir été piégé -, mais la juge Baltman a rejeté cette thèse le mois dernier, après le verdict du jury.

La police avait arrêté Hersi en mars 2011 à l'aéroport international de Toronto, alors qu'il s'apprêtait à monter dans un avion pour Le Caire, avec escale à Londres. Les policiers ont affirmé que Hersi prévoyait se joindre à Al-Shabab, un groupe islamiste terroriste connu pour avoir commis des atrocités. Il s'est défendu en disant qu'il souhaitait seulement se rendre en Égypte pour y apprendre l'arabe.

L'avocat de Hersi, Paul Slansky, a déclaré en entrevue jeudi qu'il en appellera du verdict de culpabilité et de la peine imposée. Il demandera également que son client soit libéré sous caution pendant la procédure d'appel.

La police avait ouvert son enquête après qu'un nettoyeur eut trouvé dans les vêtements de Hersi une clé USB contenant, entre autres, un manuel sur la fabrication d'explosifs.

Un agent double qui s'est ensuite lié d'amitié avec l'accusé a raconté en cour que Hersi lui avait confié vouloir se joindre à Al-Shabab.

Me Slansky a critiqué les méthodes d'enquête utilisées par la police, ajoutant que les agents n'avaient pas de motif raisonnable d'enquêter sur son client. Il avait demandé pour Hersi une peine allant de trois à quatre ans. Il soutient que compte tenu des circonstances, il n'est pas raisonnable d'imposer la peine maximale pour chacun des chefs d'accusation.

Ce jugement survient alors que la Gendarmerie royale du Canada venait d'annoncer, mercredi, qu'un homme de la Colombie-Britannique a été accusé en vertu de la loi antiterroriste pour avoir apparemment quitté le pays afin de se joindre à des combattants islamistes en Syrie. Selon la police fédérale, Hasibullah Yusufzai, âgé de 25 ans, est accusé d'avoir commis une infraction pour un groupe terroriste, d'avoir été dirigé par un tel groupe ou d'y être associé.