Coup de théâtre dans l'affaire d'Yves «Colosse» Plamondon. En raison d'une preuve nouvelle, la Cour d'appel ordonne que l'ex-caïd subisse un nouveau procès, 28 ans après sa condamnation pour trois meurtres.

M. Plamondon avait été condamné par un jury, au terme de son procès en 1986, pour les meurtres d'Armand Sanschagrin, Denis Ouellette et Claude Simard, commis entre le 1er décembre 1983 et le 13 août 1985, à Québec. M. Plamondon n'a jamais reconnu sa culpabilité par la suite et s'est toujours dit innocent. Il est allé d'appel en appel, mais a toujours échoué. Son dernier avocat, Me Daniel Rock, a réussi à obtenir du ministre fédéral de la Justice, que l'affaire soit revue dans le cadre d'une révision judiciaire. Ceci afin de voir s'il pouvait y avoir eu une erreur judiciaire.

Au terme de son enquête, le ministre a renvoyé le tout à la Cour d'appel, qui vient de trancher, aujourd'hui. Il appert que deux déclarations provenant de deux témoins n'ont pas été divulguées au procès, en 1986. Ces déclarations provenaient des témoins Jean-Noël Daley et Pierre Gaudreault.

Les heures

Les différences entre les déclarations divulguées et non divulguées ont trait aux heures où Claude Simard (victime tuée le 13 août 85) aurait été vu dans une taverne de Québec, avec André Desbiens (qui allait devenir délateur) et Plamondon. Il était aussi question de l'heure où Simard avait quitté l'endroit, et avec qui. Son cadavre criblé de balles avait été retrouvé le lendemain matin, dans un petit chemin de Beauport.

«Si l'avocat de l'appelant avait eu connaissance des déclarations non divulguées, il aurait pu les utiliser pour affaiblir la preuve du ministère public en contre-interrogeant les témoins sur les modifications apportées aux deuxièmes déclarations et sur les circonstances dans lesquelles elles ont été faites. Comme les parties le proposent, la Cour conclut que la preuve nouvelle que constituent les deux déclarations non communiquées à la défense, justifie un nouveau procès», signalent les juges. Les juges Louis Rochette, Julie Dutil et Guy Gagnon cassent le verdict de culpabilité rendu contre M. Plamondon et ordonnent un nouveau procès.

Toujours en prison

Âgé de 63 ans maintenant, M. Plamondon est toujours au pénitencier. Même s'il était admissible à une libération conditionnelle après 25 ans, il ne l'a jamais demandée, car il aurait fallu qu'il reconnaisse les meurtres, ce qu'il refusait de faire.

Est-il possible de tenir un nouveau procès 28 ans plus tard, alors que les souvenirs se sont estompés, et que le principal témoin à charge, André Desbiens, est mort?

Cela reste à voir. «J'exige que le ministère public se prononce le plus vite possible sur cette question», a fait valoir Me Rock, arguant que son client est en prison depuis plus de 28 ans maintenant.