Raynald Desjardins et les autres individus accusés du meurtre de l'aspirant parrain Salvatore Montagna iront directement à procès. La Poursuite a en effet déposé un acte d'accusation privilégié ce matin au Palais de justice de Joliette contre le caïd et ses sept coaccusés, Jack Simpson, Vittorio Mirarchi, Calogero Milioto, Pietro Magistrale, Steven Fracas, Steven D'Addario et Felice Racaniello.

En vertu de la nouvelle dénonciation, les sept premiers sont toujours accusés de complot et d'avoir tué l'aspirant parrain de la mafia montréalaise le 24 novembre 2011 à Charlemagne, alors que Racaniello fait maintenant uniquement face à un chef de complicité après le fait.

Ce nouvel acte d'accusation fait en sorte que les accusés ne subiront pas d'enquête préliminaire. Il s'agit d'une volte-face pour la Poursuite qui avait auparavant annoncé son intention d'en tenir une et de faire témoigner une longue liste de personnes, dont des membres influents de la mafia italienne. Il semble toutefois que ces témoins potentiels ne se bousculaient pas au portillon. De plus, certains des accusés désiraient subir une enquête préliminaire, qui aurait normalement débuté au début de l'an prochain. Enfin, rappelons que les deux derniers accusés dans cette affaire, Steven Fracas et Steven D'Addario, ont été arrêtés par la Sûreté du Québec uniquement la semaine dernière, et qu'ils devront suivre le rythme de leurs compagnons appréhendés en décembre 2011 et détenu depuis.

Les enquêtes sur remise en liberté de deux des accusés, Felice Racaniello et Pietro Magistrale, ont débuté lundi matin à Joliette devant le juge Martin Vauclair de la Cour supérieure. Un interdit de publication nous empêche toutefois de révéler les détails de leur implication dans cette affaire. Raynald Desjardins et Vittorio Mirarchi avaient également demandé leur remise en liberté qui a été refusée par le juge Marc David de la Cour Supérieure.

Montagna est né à Montréal, mais a ensuite vécu en Sicile puis à New York où il est devenu le chef par intérim du clan Bonanno. En avril 2009, il a été expulsé des États-Unis vers son pays d'origine et a choisi de s'établir dans la ville de sa naissance. Certaines informations veulent qu'il soit venu à Montréal avec la bénédiction des familles mafieuses de New York et qu'il ait mesuré ses appuis ici avant de s'installer.

Selon la principale théorie de la police, lui, Desjardins et d'autres chefs de clans de la mafia montréalaise auraient formé une alliance pour provoquer la chute des Siciliens en 2009-2010 et prendre leur place à la tête de la pyramide du crime organisé au Québec. Mais au début de 2011, un conflit a éclaté entre eux, faisant voler en éclat cette fragile alliance. Desjardins a été victime d'une spectaculaire tentative de meurtre à Laval en septembre 2011. Son organisation a montré du doigt Salvatore Montagna qui a été assassiné neuf semaines plus tard.