Il n'est pas facile de s'emparer de l'arme d'un policier quand ce dernier la porte sur lui, dans son étui. Mais avec du «temps et de la chance», c'est possible.

C'est ce que Alexandre Limoges, armurier au SPVM, a expliqué, mercredi, alors que reprenait l'enquête publique sur la mort de Freddy Villanueva. Le policier Jean-Loup Lapointe, qui a tiré sur le jeune Villanueva le 9 août 2008 à Montréal-Nord, possédait un étui de marque Safariland modèle Raptor 11. Cet étui est doté de trois mécanismes de rétention, qu'il faut désactiver pour extraire l'arme. 

Ce détail est important pour le coroner, car le policier Lapointe soutient que c'est parce qu'il craignait d'être désarmé qu'il a sorti son arme, et qu'il a tiré lors d'une intervention dans un parc de Montréal-Nord. Ce faisant, il a tué Freddy Villanueva et blessé deux autres jeunes hommes qui se trouvaient sur place. Le lendemain, une émeute éclatait à Montréal-Nord.

Paralysé

L'enquête du coroner sur cette affaire a commencé en mai 2009. Mais en février 2011, après 103 jours d'audience, l'exercice a été suspendu parce que la Ville de Montréal et la Fraternité des policiers s'opposaient à un examen public des mécanismes de sécurité des étuis d'armes à feu. Ils soutenaient que les informations pourraient mettre en danger les policiers. Le débat s'est transporté en Cour supérieure, ce qui a paralysé l'enquête.

En avril dernier, la juge Danielle Grenier a rabroué la Ville de Montréal et la Fraternité. Elle estimait qu'ils faisaient obstruction à l'enquête et que cela discréditait l'administration de la justice.

L'enquête a donc recommencé, là où elle avait été stoppée il y a plus de deux ans, avec l'examen des mécanismes de sécurité de l'arme.

Pendant la journée de mercredi, une ordonnance de non-publication couvrait les débats, mais celle-ci a été levée en toute fin d'après-midi.

Ce débat sur l'arme de service doit se poursuivre vendredi. C'est la dernière phase avant que le coroner ne rédige son rapport.

Rappelons que cette malheureuse affaire est arrivée quand le policier Lapointe et sa partenaire, Stéphanie Pilote, qui patrouillaient le secteur, sont intervenus auprès de jeunes qui jouaient aux dés dans un parc, le 9 août 2008.