Adèle Sorella était seule à la maison avec ses deux filles dans la journée du 31 mars 2009, elle a donc eu «l'opportunité exclusive» de les tuer, a fait valoir  la procureure de la Couronne Maria Albanense, mercredi, alors qu'elle plaidait devant le jury chargé de juger Adèle Sorella.

La femme de 47 ans est accusée des meurtres prémédités d'Amanda et Sabrina De Vito, les deux enfants qu'elle a eues avec le mafioso Giuseppe De Vito. Celui-ci, avec qui elle est toujours légalement mariée, était en cavale depuis deux ans et demi au moment du drame. Mme Sorella en était bien malheureuse. Elle avait tenté trois fois de se suicider depuis. Cela inquiétait sa famille, au point que sa mère, Teresa, était venue demeurer avec elle pour l'aider. Me Albanese suggère que le 31 mars 2009, l'accusée n'était «peut-être plus capable d'en prendre.»   Tuer ses enfants lui est peut-être apparu comme la solution.

Outre l'opportunité exclusive, la Couronne soumet que le comportement de Mme Sorella, avant et après les crimes, démontre qu'elle avait prémédité les meurtres, même si ce n'était sans doute pas une planification de longue date. Mme Sorella savait que ce jour là, sa mère  s'en allait chez sa soeur, au centre-ville. Cela lui laissait assez de temps pour agir. Elle a donc prétexté un rendez-vous des enfants chez le docteur, pour les garder à la maison, selon la Couronne.

Adèle Sorella devait aller chercher sa mère au centre-ville, en fin d'avant-midi, pour aller à un autre rendez-vous médical fixé à 11h30. Elle n'y est pas allée. Et quand sa mère, inquiète de ne pas avoir de nouvelles, a tenté de la joindre au téléphone, Adèle  n'a pas répondu.

Adèle a appelé sa mère à 13h22, vraisemblablement de sa maison, à Laval. «Ça a été plus long que prévu avec les enfants», aurait-elle dit.

En mouvement

Par la suite, Adèle Sorella était en mouvement avec sa voiture, comme le démontre son relevé de cellulaire. Elle a laissé des messages à un de ses frères, et à son beau-frère, leur demandant de «venir à la maison ce soir.» Elle a précisé à son frère «n'amène pas maman.» Pour la Couronne, ce détail est important.

Les corps d'Amanda, neuf ans, et Sabrina, huit ans, on été découverts dans la salle de jeu, vers 16h30 ce jour-là, par les frères et la mère de l'accusée. Ils était froids et raides. L'hypothèse de la Couronne est que Mme Sorella a asphyxié ses filles dans la chambre hyperbare destinée à soigner Sabrina. Cela aurait pris environ 90 minutes si les petites se trouvaient dans l'appareil en même temps, a estimé un expert.

Me Albanese a aussi parlé de l'attitude de Mme Sorella après son arrestation.  Elle niait la mort de ses filles, mais n,a pas eu grande réaction quand l'enquêteur lui a montré les photos des cadavres. «Ce n'est pas la première fois qu'elle les voyait», croit la Couronne.

Dans cette affaire, la Couronne estime avoir prouvé hors de tout doute raisonnable le «qui» (Adèle Sorella), le «quoi» (meurtres prémédités), le «où» (à Laval), le «quand» (31 mars 2009), mais pas le «pourquoi» et le «comment.» La Couronne n'est pas obligée de prouver hors de tout doute le mobile ni la manière pour démontrer qu'il y a eu meurtres prémédités. La défense, elle, soutient que la Couronne n'a pas réussi à prouver qu'il y a eu meurtres, ni que sa cliente en est l'auteure.

La juge Carol Cohen a commencé à donner ses directives en fin d'après-midi, mercredi. Aussitôt qu'elle aura fini, jeudi, le jury sera séquestré.