Le portrait qui a été fait d'Adèle Sorella à son procès n'est pas celui d'un assassin qui a froidement planifié les détails des meurtres de ses enfants comme un tueur à gages. C'est plutôt celui d'une pauvre mère aimante qui n'a jamais maltraité ses enfants et qui faisait son possible pour les élever, a fait valoir Me Pierre Poupart, alors qu'il plaidait, lundi, au procès d'Adèle Sorella, accusée des meurtres de ses deux filles. 

Dès l'ouverture de son exposé, Me Poupart a lancé avec philosophie: «Le jour sera long à devenir demain.» Il s'est ensuite lancé dans une plaidoirie qui a duré toute la journée, et qui se poursuivra mardi.

Me Poupart, qui plaide le premier parce qu'il a fait une défense, bien que très courte, est revenu souvent sur le fait que la Couronne doit prouver «hors de tout doute raisonnable» qu'il y a eu meurtres, et que c'est sa cliente qui en est l'auteure. 

«Si vous vous décidez à faire le saut, assurez-vous que ce n'est pas un saut dans le vide», a tonné l'avocat en regardant intensément le jury. Mariant le ton impérieux et les presque chuchotements, l'avocat expérimenté reprend un à un les témoignages qui ont été rendus au procès. Il met sous la loupe ce qu'il considère des omissions, ou des trous dans la preuve de la Couronne. Ici, il reproche aux policiers de ne pas avoir vérifié si de  l'ADN se trouvait sur des fils qui pendaient dans le sous-sol, là il soumet que la chambre hyperbare n'a pas été protégée pendant son transport de la maison de l'accusée au garage de la police. Et si quelqu'un d'autre était entré dans la maison le 31 mars 2009, a-t-il lancé? Adèle Sorella avait peur de quelque chose, dit-il. Son époux, le mafieux Giuseppe De Vito, était en cavale depuis novembre 2006.

Pas convaincante

Adèle Sorella est accusée d'avoir tué ses enfants avec préméditation, mais la Couronne est incapable de prouver comment Amanda, neuf ans, et Sabrina, huit ans, sont mortes. Elles ont été vues vivantes un peu avant neuf heures, le matin du 31 mars 2009, dans la maison familiale de la rue de l'Adjudant, à Laval Elles ont été trouvées mortes au même endroit, vers 16h30. L'accusée était sur place le matin, elle n'y était plus lors de la découverte des corps. Elle a été arrêtée une douzaine d'heures plus tard, en pleine nuit, après avoir percuté un poteau avec sa voiture.

Me Poupart  reconnaît que le ministère public dispose d'une certaine preuve, mais estime qu'elle est loin d'être assez convaincante. La mort des enfants s'est «transformée en énigme médicale non élucidée», dit-il.

Rappelons que le procès de Mme Sorella a commencé à la fin d'avril. La Couronne croit que Mme Sorella a tué ses enfants, possiblement par asphyxie dans la chambre hyperbare. L'injection d'insuline est une autre hypothèse, quoique moins probable.