La Couronne a déclaré sa preuve close ce matin au procès d'Adèle Sorella, accusée d'avoir tué avec préméditation ses deux filles, le 31 mars 2009. L'avocat de la défense Pierre Poupart a ensuite commencé sa preuve en appelant comme premier témoin un chimiste du Laboratoire des sciences judiciaires et de médecine légale.

Ce témoin André Tremblay, est un expert en comparaison de fibres textiles. À la demande d'un enquêteur de la police de Laval, il s'est rendu dans le garage de ce corps policier, le 19 mai 2009, afin de faire des expertises sur la chambre hyperbare qui avait été saisie dans le domicile d'Adèle Sorella, après le drame. Il devait essayer de faire une relation entre la chambre hyperbare et les victimes. Il savait que les enfants avaient été retrouvés allongées côte à côte dans la salle de jeu, sur un tapis. La chambre hyperbare, elle, se trouvait à l'étage dans la maison de l'Adjudant. Son rôle consistait à analyser les fibres qui se trouvaient dans l'appareil, et ceux des vêtements des enfants, pour voir si elles avaient été en contact. Auquel cas il y aurait eu transfert de fibres d'une pièce à l'autre.

M. Tremblay a donc fait des analyses sur le drap qui recouvrait le matelas de la chambre hyperbare, ainsi que sur la taie de l'oreiller qui s'y trouvait. Il a aussi analysé les vêtements que les enfants portaient lorsqu'elles avaient été trouvées mortes: des polos blancs en coton, des pantalons bleus et des bas. C'était en fait leur uniforme scolaire. Les chandails étaient de très bons donneurs, les pantalons l'étaient beaucoup moins parce qu'ils étaient en fibres synthétiques, et les bas étaient aussi de mauvais donneurs car de trop petites surfaces, a expliqué l'expert.

M. Tremblay  a retrouvé des centaines de fibres sur le drap, ce qui est normal, a-t-il dit. Il n'a pas tenu compte des fibres de coton blanc, car c'est trop commun dans l'environnement. Il n'a pas retrouvé de fibres des vêtements. Il s'est donc attardé à chercher des fibres du drap sur les vêtements des enfants. Il n'en a pas trouvées non plus, alors que selon ses analyses, le drap était un bon donneur. Résultat: il en a donc «invalidé l'hypothèse que les filles avaient passé du temps dans la chambre hyperbare.» Il a produit son rapport en août 2009, et n'a jamais eu d'autre contact à ce sujet avec les enquêteurs.

La Couronne contre-interrogera M. Tremblay cet après-midi. On sait que la thèse privilégiée par la Couronne est à l'effet que les filles auraient été asphyxiées dans la chambre hyperbare, et que c'est leur mère qui en serait responsable.

Ce matin, avant de commencer sa preuve, Me Poupart a demandé au jury de rester attentif et d'exclure de leur esprit tout ce qui n'est pas de la preuve, dans cette «cause très particulière.»