Après avoir perdu sa requête en arrêt des procédures pour cause de délai déraisonnable, hier, à Montréal, l'ancien directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, a lui-même demandé et obtenu un délai, avant d'être jugé pour fraude. Ceci parce que son avocat, Me Robert La Haye, désirait se retirer du dossier.

Ce coup de théâtre est survenu au retour de la pause, hier, alors que la Couronne s'apprêtait à appeler son premier témoin. Un peu plus tôt, le juge Denis Lavergne avait rejeté la requête en arrêt des procédures de M. Dupuis. Ce dernier soutenait que les 39 mois entre sa mise en accusation et la tenue de son procès constituaient un délai trop long. Entre autres, son enquête préliminaire avait été reportée d'un an, en raison d'une grève des procureurs de la Couronne, en 2011.

Après avoir analysé la situation, le juge est arrivé à la conclusion qu'il y avait eu des retards, mais qu'il n'y avait pas lieu d'appliquer le remède ultime qu'est l'arrêt des procédures. Le juge a aussi noté que les préjudices allégués par M. Dupuis découlent des accusations et non des délais. Le magistrat a fait valoir que les contraintes imposées à l'accusé étaient peu importantes, alors qu'il était en attente de son procès. Entre autres, il pouvait voyager à l'extérieur du pays.

Me Robert La Haye a demandé à se retirer du dossier parce qu'il ne s'entend pas avec M. Dupuis sur «l'administration de la preuve», a-t-il dit. C'est Me Jean-Daniel Debkoski, qui a plaidé la requête en arrêt des procédures, qui devient l'avocat de M. Dupuis.

Le procureur de la Couronne Jacques Dagenais ne s'est pas opposé à cette demande, et le juge a accepté. Les parties se reverront en juillet pour fixer une nouvelle date de procès.

Dépenses de 125 000$ en six mois

Rappelons que Jocelyn Dupuis est accusé de fraude, de fabrication de faux et d'avoir conseillé à quelqu'un de commettre un acte criminel. En fait, on lui reproche d'avoir soutiré illégalement 125 000$ du syndicat qu'il dirigeait, par le biais de fausses notes de frais. Les actes reprochés se seraient produits entre décembre 2007 et décembre 2008. M. Dupuis avait quitté ses fonctions à la FTQ-Construction en novembre 2008, à la suite d'allégations de fraude. Il y était depuis 11 ans.

Témoignant en début de semaine sur sa requête en arrêt des procédures, M. Dupuis se disait animé d'un sentiment de rage incontrôlable, et cela était accentué par la médiatisation.