Un jeune homme qui poursuivait de ses assiduités une femme de 14 ans son aînée a été déclaré coupable de harcèlement et de bris d'ordonnance, la semaine dernière en Cour municipale.

«Si l'amour rend aveugle, il ne rend pourtant pas sourd», a noté le juge Gilles R. Pelletier, en faisant allusion au fait que l'accusé, Nassim Khellout, avait été averti souvent de laisser la femme tranquille, à la fois par celle-ci, mais aussi par les policiers et même par un juge.

L'affaire a pris sa source en juin 2012. À ce moment-là, Nassim Khellout a 19 ans, quand il rencontre Danielle*, à Montréal. La femme a 33 ans. Le jeune homme prétend faussement qu'il a 24 ans, «pour que ça passe mieux», dira-t-il. Une idylle commence, et se termine après deux mois, quand la femme y met un terme.

Le jeune homme entreprend alors de reconquérir celle qu'il considère comme la femme de sa vie. Il lui envoie des lettres, des messages textes, des fleurs, un toutou en peluche, des cupcakes, une bague de fiançailles... «Les attentions du défendeur sont multiples; son imagination pour ou trouver de nouvelles formes, sans limites», signale le juge.

La police

Voyant que Nassim ne lâche pas prise, la femme avise la police, en septembre, puis en novembre. Chaque fois, Nassim est avisé par les policiers de cesser, sinon il pourrait être accusé. Mais comme d'habitude, après une accalmie, il recommence. Le 27 février 2013, n'en pouvant plus, la femme porte plainte officiellement. Nassim, qui l'épie, se rend aussi au poste de police, où il est arrêté. Il se retrouve à la Cour municipale, accusé de harcèlement. Le juge lui interdit de communiquer avec Danielle. Dans les heures suivantes, alors qu'il est toujours détenu à la Cour municipale, Nassim appelle Danielle, pour lui demander de retirer sa plainte, ce qui lui vaudra une accusation de bris d'ordonnance de la Cour.

Danielle considère avoir vécu six mois d'enfer à cause de Nassim. Durant leur brève fréquentation, elle avait noté des comportements inquiétants. Entre autres, celui qui dit pratiquer les arts martiaux avec le célèbre Georges St-Pierre pouvait donner des coups de poing dans le matelas sans raison, la nuit.

L'amour

Au procès, Nassim, lui, a fait valoir qu'il ne s'agissait nullement de harcèlement. «Quand on est amoureux, on oublie plein de choses», a-t-il dit. Le juge a trouvé que Nassim a livré des explications «biscornues», et que la vérité était pour lui un concept ambigu.

Nassim Khellout est en liberté mais doit se plier à des conditions. Il reviendra devant la Cour municipale ultérieurement pour recevoir sa peine. Son avocat, Clemente Monterosso, et la procureure de la poursuite Kim Cloutier, disposeront alors d'un rapport avant sentence pour éclairer la Cour.

«Il arrive que l'amour fasse faire à qui l'éprouve de grandes choses. Mais il arrive aussi malheureusement, par exemple, lorsque le sentiment de celui qui l'éprouve est contrarié, qu'il en fasse faire de terribles», a noté le juge, qui a aussi cité le philosophe Blaise Pascal dans sa décision.

(*) nom fictif