Après un long monologue qui ne suscitait guère de réaction chez Adèle Sorella, l'enquêteur François-Guy Delisle a pris les grands moyens pour faire craquer la femme, lors de l'interrogatoire du 1er avril 2009.  Il lui a exhibé les photos de ses deux filles mortes, en lui demandant «d'expliquer ça.»  

Mme Sorella a jeté un  oeil sur les photos, avant de dire: «Je veux parler à mon avocat...Je veux retourner à ma cellule.» Un peu plus tard, Mme Sorella s'est essuyé les yeux, mais jamais elle n'a crié, pleuré ou ne s'est affolée.

C'est, entre autres, ce que le jury a pu voir, mercredi, alors que la Couronne a diffusé la deuxième partie de l'interrogatoire d'Adèle Sorella. Cet interrogatoire, qui dure quatre heures, a été réalisé au quartier général de la police de Laval, le soir du 1er avril 2009. Les corps d'Amanda, 9 ans, et Sabrina De Vito, 8 ans, avaient été découverts la veille, dans la maison d'Adèle Sorella, par ses frères et sa mère.

Vêtue d'une grande combinaison bleue parce qu'on lui avait saisi ses vêtements, Adèle Sorella s'est montrée peu loquace pendant cet interrogatoire qui a duré quatre heures. Elle a répété à d'innombrables reprises qu'elle voulait retourner à sa cellule, et qu'elle ne dirait rien. L'enquêteur a poursuivi l'interrogatoire d'abord avec beaucoup d'empathie, puis vers la fin, en se montrant plus incisif. «Comment ça se fait que tu ne peux pas expliquer ça. Comment ça se fait que tu n'as aucune réaction. Comment peux-tu ne pas avoir de réaction. Ça c'est la réalité, c'est ce qui est arrivé. C'est comment tu les a laissées. C'est Sabrina et Amanda et tu les a laissées là pour que ton frère les trouve. Ton frère a essayé de les réanimer...», a lancé l'enquêteur d'un ton dur.

Le procès se poursuit cet après-midi. Rappelons que Mme Sorella est accusée des meurtres prémédités de ses deux filles. Amanda et Sabrina ont été trouvées mortes, allongées par terre, côte à côte, dans la salle de jeux de la luxueuse résidence familiale, à Laval, l'après-midi du 31 mars 2009. Le mari de Mme Sorella, le mafioso Giuseppe De Vito, était en cavale depuis plus de deux ans au moment du drame.