Comme Adèle Sorella persistait à nier la mort de ses filles au lendemain du drame qui s'était joué dans sa maison, les enquêteurs de Laval lui ont exhibé des photos de ses filles décédées.

C'est ce que les enquêteurs qui ont procédé à l'interrogatoire d'Adèle Sorella, le soir du 1er avril 2009, ont admis aujourd'hui au procès de Mme Sorella.

La femme de 47 ans est accusée d'avoir tué avec préméditation ses filles, Amanda 9 ans, et Sabrina, 8 ans. Les petites ont été découvertes allongées côte à côte dans la salle de jeu de la maison familiale, rue de l'Adjudant, l'après-midi du 31 mars 2009.

Mme Sorella était pour sa part introuvable. Elle a été interceptée au milieu de la nuit du 1er avril, après avoir percuté un poteau avec sa voiture, sur le chemin du Bas St-François, à Laval. Après des examens à l'hôpital  Cité de la santé, elle a été emmenée au quartier général de la police de Laval, pour y être interrogée.

Dès le début vers 17h30,  Mme Sorella s'est prévalue de son droit de faire appel à un avocat. Elle voulait un avocat choisi par sa famille, particulièrement par son frère Luigi Sorella.  L'interrogatoire a été interrompu, et Me Johanne Saint-Gelais est venue s'entretenir avec Mme Sorella sur place, au poste de police. L'interrogatoire policier a repris à 19h30, pour finir à 23h30.

C'est le sergent détective François Guy Delisle qui menait l'interrogatoire, pendant que la sergent détective Isabelle Goulet s'occupait de la régie dans une salle adjacente. Mme Goulet a souligné dans son témoignage que Mme Sorella était calme, normale et semblait orientée dans le temps. Elle voulait récupérer son sac à main pour s'acheter à souper. «On lui a dit qu'on allait le lui fournir (le repas)», a fait valoir Mme Goulet.

Pendant cet interrogatoire, Mme Sorella niait que ses filles étaient mortes.  À un certain moment, le policier Delisle lui a montré une copie du jour du Journal de Montréal, où l'on titrait en première page: Drame à Laval, deux fillettes trouvées mortes dans la maison d'un mafioso.

La manchette n'a pas suffi à convaincre Mme Sorella. Celle-ci disait qu'il suffisait d'appeler  à la maison pour se convaincre que ses filles étaient là. . Un peu plus tard, après 22h, ce sont des photos de ses filles mortes qui ont été exhibées à Mme Sorella.

«Je ne crois pas que sont elles sur le plancher», persistait à dire Mme Sorella.

C'est avec une voix chargée de reproches que  Me Pierre Poupart, avocat de Mme Sorella, a questionné la policière Goulet au sujet des photos et du Journal de Montréal montrés à sa cliente.

«Il était convenu d'avance que vous étiez convaincus de sa culpabilité», a tonné Me Poupart, avant de parler d'un «déballage spectaculaire des photos des enfants morts.

«On avait des motifs raisonnables de croire qu'elle était coupable», a répondu Mme Goulet. Cette dernière a aussi fait valoir qu'il s'agissait d'une stratégie d'interrogatoire, vu le «déni» de Mme Sorella. Le procès se poursuit cet après-midi.