Un des camionneurs qui auraient refusé d'être remorqués sur l'autoroute 13 lors de la tempête de mardi soir a été arrêté, hier, et pourrait être accusé de méfait et de nuisance. Rencontrés par La Presse, des membres de sa famille dénoncent le fait qu'il écope pour une situation « qui ne se serait jamais produite si les autorités politiques avaient fait leur travail ».

Palwinder Singh Johal s'est fait réveiller par la police, hier matin. Les agents étaient à sa porte pour lui passer les menottes relativement au cafouillage de l'autoroute 13. L'homme de 57 ans pourrait faire face à des accusations criminelles de méfait et de nuisance.

«L'enquête tend à démontrer qu'il serait l'un des deux conducteurs de camions lourds qui auraient refusé de collaborer lors d'une opération de remorquage sur l'autoroute, entravant ainsi la circulation déjà grandement affectée par les conditions routières lors de la tempête», a affirmé la Sûreté du Québec dans un communiqué. Le deuxième camionneur qui refusait d'obtempérer mardi soir n'a pas été identifié par la SQ et est considéré « comme un témoin important».

Une famille en colère

Dans sa maison de Laval, la famille de M. Johal était réunie, hier, et repassait le fil des événements. Mardi soir, Paramjit Johal et Daljit Uppal, respectivement le fils et le gendre de M. Johal, et eux aussi camionneurs, étaient également sur l'autoroute 13.

«Pourquoi est-ce que c'est lui qu'ils blâment ? Il était coincé. Ce n'était même pas le premier en avant. Il a même essayé d'aider les camionneurs qui étaient devant lui», affirme Paramjit Johal, qui se trouvait parmi les premiers conducteurs de poids lourds à être coincés dans la courbe névralgique, quand la situation a commencé à dégénérer.

«Il n'y avait pas de sel, pas de déneigement. On était tous arrêtés. J'étais dans les premiers. Ma remorque était complètement chargée, j'étais lourd et j'ai finalement réussi à monter. Ça m'a pris près de 30 minutes. Nous étions en communication constante. Mon beau-frère était derrière. Il a aussi réussi [à passer]. Mais mon père était plus loin, coincé, et il a passé une partie de la nuit là», raconte son fils, qui a filmé une partie de l'intervention en direct sur Facebook.

Photo tirée de sa page Facebook

Palwinder Singh Johal pourrait faire face à des accusations criminelles de méfait et de nuisance.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Mardi soir, Paramjit Johal et Daljit Uppal, respectivement le fils et le gendre de Palwinder Singh Johal, et eux aussi camionneurs, étaient également sur l'autoroute 13.

La tête de Turc ?

«Nous sommes inquiets, mais surtout, nous sommes en colère», répètent son fils et son gendre. «Ils arrêtent la mauvaise personne ! Il n'y avait aucune remorqueuse. Les premières sont arrivées vers 3h du matin, raconte Daljit Uppal. Il n'a pas refusé ! Il a même sa facture de remorquage.»

Une somme de 275 $, selon eux. Impossible de confirmer cette information, puisque Palwinder Singh Johal aurait apporté sa facture avec lui au poste de police pour appuyer sa version des faits. Par contre, des vidéos qu'il a tournées durant la nuit et que La Presse a visionnées montrent un autre camion, possiblement devant le sien, se faisant remorquer.

«Ils ferment les yeux sur les vrais responsables et ils lui mettent tout le blâme sur le dos, dénonce Daljit Uppal. S'ils avaient mis du sel, s'ils avaient fait leur travail de déneigement, personne ne serait resté coincé.»

Un passé criminel

Après avoir pris connaissance de la version de la famille, la SQ a répété qu'elle maintenait les affirmations contenues dans son communiqué publié plus tôt en journée.

Par ailleurs, après son arrestation par la SQ, hier, le camionneur Palwinder Singh Johal a été conduit à Kingston, en Ontario, où il était visé par un mandat d'arrestation.

«[M. Johal] était recherché pour une vieille histoire de fraude», a confirmé Cameron Mack, porte-parole de la police de Kingston.

L'homme n'en serait pas à ses premiers démêlés avec la justice ; en 2012, lui et huit autres personnes ont été arrêtés pour avoir acheté de l'essence avec des cartes de crédit volées. Il avait notamment été accusé de fraude de moins de 5000$.

- Avec la collaboration de Vincent Larouche