Quelques secondes avant la collision entre deux Cessna au-dessus des Promenades St-Bruno, le contrôleur aérien de l'aéroport de Saint-Hubert s'est adressé quatre fois au pilote de l'un des avions, sans obtenir de réponse.

Dans l'enregistrement des conversations entre la tour de contrôle et les aéronefs qui circulent dans le secteur, on entend quatre fois le contrôleur aérien s'adresser à l'avion immatriculé GPNP (Golf Papa Novembre Papa, dans l'alphabet radio international), pour lui demander notamment à deux reprises de maintenir une altitude de 1600 pieds, alors qu'il s'approche de la piste.

Il lui signale qu'un autre appareil se trouve à un mille devant lui, à 1100 pieds. Il s'agit de l'appareil immatriculé FGOI (Foxtrot Golf Oscar India), en train de décoller.

« Le contrôleur a tenté ensuite deux fois de rétablir le contact, en demandant à GPNP : "Êtes-vous à l'écoute?", pour un total de quatre appels. On ne peut pas savoir pourquoi il ne répondait pas », commente un pilote de 15 ans d'expérience, qui a requis l'anonymat, en écoutant les enregistrements.

L'avion FGOI s'est écrasé dans le stationnement du centre commercial et l'apprenti pilote qui se trouvait aux commandes est mort. L'appareil était très abîmé.

Quant au Cessna immatriculé GPNP, il est tombé sur le toit de l'édifice. L'épaisse couche de neige qui s'y trouvait a sans doute amorti sa chute. Il a subi des dommages moins importants, mais l'élève qui le pilotait souffre de blessures graves.

Selon le pilote qui a écouté pour nous les conversations avec la tour de contrôle, l'avion qui décollait semble avoir bien suivi les consignes de ne pas monter à plus de 1100 pieds. 

« L'élève pilote a confirmé qu'il avait bien compris. Son anglais est compréhensible. Rien dans les communications ne laisse croire que cet élève a commis une faute. S'il était monté à plus de 1100 pieds, le contrôleur l'aurait rappelé à l'ordre et on l'aurait entendu sur les ondes », explique l'aviateur.

« Quand le contrôleur dit que chaque pilote doit garder sa hauteur respective, c'est vital, c'est ce qui nous garde en vie !, souligne-t-il. C'est pour éviter qu'il y ait des collisions, surtout quand il y a beaucoup de trafic. L'hypothèse la plus probable, c'est que le pilote qui ne répondait pas, GPNP, n'a pas respecté sa hauteur. »

Prudence

Des élèves d'une autre école de pilotage de l'aéroport de Saint-Hubert étaient ébranlés par l'accident qui venait de se produire.

« Je venais juste d'atterrir quand l'accident s'est produit. Après mon atterrissage, ils ont fermé l'aéroport, tout le trafic a été arrêté », raconte un jeune homme qui suit des cours de pilotage depuis six mois et qui a refusé de s'identifier.

« C'est stressant pour nous, un tel drame. On ne sait pas ce qui s'est passé, mais ça peut arriver à tout le monde, même s'il y a des règles très strictes à suivre. »

Un autre apprenti pilote affirme n'avoir jamais vu qui que ce soit prendre des risques aux commandes d'un avion. « Si tu le fais, tu risques ta vie », a-t-il fait remarquer.