Un autochtone tué par la police à Lac-Simon

Un autochtone de la communauté algonquine de Lac-Simon, en Abitibi, a été abattu par la police de la réserve, mercredi soir. La victime est Sandy Michel, un homme de 25 ans.

Deux sources proches du conseil de bande ont confirmé tard mercredi soir que le jeune père de famille avait rendu l'âme après avoir été transporté à l'hôpital. La SQ a confirmé son identité tôt ce matin.

Sur sa page Facebook, les condoléances avaient déjà commencé à se multiplier. « Repose en paix mon oncle Sandy Michel tu vas nous manquez veille sur ta grande famille ainsi que ta petite famille », a écrit Jeanne Poucachiche. « Y avait pas besoin de tirer voyons donc y avait d'autre moyen dle calmer asti » (sic), a écrit Marie Queennie Dumont.

La mort de M. Michel survient deux mois après celle d'un policier de Lac-Simon, Thierry LeRoux, tué lors d'une intervention qui avait mal tourné dans une résidence de la communauté. Le meurtrier, Anthony Papatie, s'était ensuite suicidé.

ARMÉ D'UNE MACHETTE

Les événements qui ont mené à la mort de Sandy Michel sont survenus vers 19 h 30, a indiqué le sergent Claude Denis, de la Sûreté du Québec, quand des policiers de Lac-Simon ont été appelés à intervenir auprès d'un homme muni d'une arme blanche qui circulait à pied dans la communauté. « Lors de l'intervention, il y aurait eu un impact entre l'autopatrouille et le suspect, a dit le sergent Denis. Des coups de feu auraient alors été tirés. »

Selon des informations d'une autre source policière, les agents de Lac-Simon se seraient présentés mardi chez Sandy Michel, en réponse à une plainte, mais ils ne l'auraient pas trouvé. Quatre policiers seraient retournés chez lui mercredi. Il serait finalement sorti, armé d'une machette. Il aurait refusé d'obtempérer aux policiers qui l'ont suivi dans la rue et le sommaient de s'arrêter. Les policiers l'ont alors heurté avec leur camion. Il aurait asséné un coup de machette sur le véhicule en se relevant, et c'est à ce moment que les coups de feu auraient retenti.

RETOUR AU TRAVAIL PÉNIBLE

À la suite de l'intervention, un groupe de personnes aurait tenté de s'en prendre aux agents, qui sont rentrés graduellement au travail au cours des dernières semaines, après avoir été mis au repos à la suite de la mort du policier LeRoux. La Sûreté du Québec (SQ) avait assuré le maintien de l'ordre dans l'intervalle. Les derniers policiers de SQ ont quitté la communauté mardi dernier, a indiqué la vice-chef de Lac-Simon, Pamela Papatie, dans une entrevue avec La Presse.

« C'est tragique, a dit Mme Papatie. Je n'aime pas ça de voir les jeunes de ma communauté comme ça. Mais j'ai grandi ici et je ne perdrai jamais espoir qu'un jour, on va aller sur le bon chemin. »

Il y a deux semaines, le conseil de bande avait réclamé une rencontre avec les ministres de la Sécurité publique fédéral et provincial. Le conseil se plaignait d'un sous-financement chronique de son corps de police. « On n'a pas eu de nouvelles des deux paliers de gouvernement », déplore Mme Papatie.

Une enquête indépendante a été déclenchée. Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, en a confié la tenue au service des enquêtes sur les crimes contre la personne à la Sûreté du Québec. Jusqu'à nouvel ordre, la SQ assurera aussi de nouveau la patrouille dans la communauté.

- Avec la collaboration de Martin Croteau, La Presse