Un entraîneur de hockey au centre de la vie communautaire de Westmount se serait rendu coupable de sévices sexuels sur des dizaines de garçons pendant des décennies, selon une demande de recours collectif déposée vendredi contre la petite ville cossue de l'ouest de Montréal.

John, dit Johnny, Garland, figure de proue du service municipal des loisirs entre 1953 et 1987, est mort il y a trois ans.

C'est donc en son absence que Matthew Bissonette et ses avocats tenteront de prouver que l'homme désignait chaque année un ou deux jeunes «favoris» qu'il agressait sexuellement à répétition. M. Bissonette dit avoir été l'une de ces «quelque cinquante» victimes.

Ces allégations n'ont jamais été prouvées devant la justice et M. Garland n'a jamais été accusé au criminel, malgré une plainte à la police.

«Il y a une situation terrible qui s'est produite dans cette ville pendant 30 ans. Un pédophile dirigeait leur service des loisirs et agressait de jeunes garçons», a affirmé M. Bissonette en entrevue de son domicile de Los Angeles.

Le quadragénaire jure avoir été victime d'attouchements commis par son entraîneur «de façon hebdomadaire du printemps 78 à l'automne 1980» alors qu'il avait de 12 ans à 14 ans.

Selon la demande d'autorisation de recours collectif envoyée hier à l'hôtel de ville, Westmount «savait ou aurait dû savoir» que John Garland se livrait à des attouchements. «Tout le monde était conscient qu'il y avait quelque chose de suspect», a ajouté M. Bissonette. Selon lui, les autres employés municipaux qualifiaient d'ailleurs les «favoris» de l'entraîneur de «Johnny's pets [chouchous de Johnny]».

Westmount devrait être tenue responsable de cette situation, a expliqué Bruce Johnston, l'un des avocats de M. Bissonette. «Un employeur est responsable des fautes commises par son employé lorsque l'employé agit dans l'exercice de ses fonctions. M. Garland agissait très clairement dans l'exercice de ses fonctions», a évalué l'avocat, avant de réitérer que la Ville était ou aurait dû être au courant de la situation. «Ce n'est pas normal qu'un adulte amène des jeunes de douze ans chez lui régulièrement», a-t-il dit.

L'avocat demande un dédommagement de 125 000$ pour M. Bissonette et, le cas échéant, chacun des membres du recours.

Le maire n'a «rien entendu là-dessus»

Peter Trent, maire de Westmount, était conseiller municipal alors que s'achevait la carrière de M. Garland. Il n'a pas voulu commenter le déclenchement du recours collectif, laissant aux avocats de la Ville le soin de l'analyser.

Quant à l'homme montré du doigt, «je l'ai vu peut-être deux ou trois fois. Je n'avais pas de dossier avec lui», a-t-il expliqué au téléphone, ajoutant que «tout le monde connaît ce nom» dans la communauté. Quant aux rumeurs d'actes inappropriés, «je n'ai rien entendu là-dessus», a-t-il assuré.

En 2007, un journal local a publié un long article élogieux sur la carrière de M. Garland dans lequel on estimait que «des centaines de Westmountais» le connaissaient grâce à ses 34 années passées au service des loisirs.