Le 7 mars dernier, Jeremy Horne et son ami ont perdu la vie dans un appartement de Notre-Dame-de-Grâce. Près de 24 heures plus tard, un constat d'infraction pour «stationnement illégal» a été accroché à sa voiture garée près de l'édifice. Depuis, le père de Jeremy doit se battre pour faire annuler l'amende.

Ce sont les policiers de la Sûreté du Québec qui ont appris à Luc Horne la mort de son fils, âgé de 24 ans. Jeremy et son ami ont été retrouvés sans vie dans un appartement, victimes d'une surdose de drogues. Lors de leur visite, les policiers ont invité le père à venir chercher la voiture de son garçon au poste de police de l'arrondissement Notre-Dame-de-Grâce. «Évidemment, nous étions en état de choc. Nous avons appelé nos trois autres enfants, ils sont venus à la maison et nous nous sommes recueillis tous ensemble», raconte à La Presse Luc Horne.

Deux jours plus tard, en allant chercher la voiture, il a constaté que la Ville de Montréal avait délivré un constat d'infraction de 53$ pour le véhicule mal garé. Il a décidé de ne pas payer l'amende et de la contester, en évoquant les circonstances exceptionnelles. Après avoir demandé à quelques reprises à la Cour municipale d'annuler sa contravention, il a reçu une note de la Ville vendredi dernier lui indiquant qu'il devrait bientôt se présenter devant la justice. Frustré, il a téléphoné à la Cour de Montréal pour convaincre les autorités une fois de plus d'annuler le constat. Une question de principe, selon lui. Son fils Jeremy était aux prises avec des problèmes de santé mentale depuis six ans. Le père explique qu'au fil des années, il a souvent été «transporté d'un hôpital à un autre» et qu'il a connu bien des problèmes avec la bureaucratie. Cette amende, c'est pour le père la goutte qui fait déborder le vase.

«Aucune exception»

«On m'a répondu froidement à deux reprises qu'aucune exception ne serait faite pour mon cas et que ma seule option était de me présenter devant le juge», dit M. Horne. «Ce n'est pas une question d'argent, c'est une question de principe. Il faut montrer de la compassion pour ma famille dans ces moments extrêmement sombres pour nous», a écrit sur Twitter le frère de la victime, Leon Horne.

Le fondateur de SOS Tickets, organisme de soutien légal et technique des citoyens cherchant à faire annuler un constat, estime que la Ville de Montréal manque ici de «gros bon sens». «On est dans une justice administrative et on oublie la justice humaine», dit Alfredo Munoz.

L'homme a travaillé pendant 12 ans comme policier au SPVM. Selon lui, un procureur pourrait faire retirer «assez facilement» cette contravention et ainsi «régler le problème».

L'affaire, d'abord rapportée par Global News la semaine dernière, a fait réagir plusieurs personnes sur les réseaux sociaux, qui ont demandé l'intervention du maire de Montréal.

Joint par La Presse, la porte-parole de Denis Coderre, Catherine Maurice, a indiqué que le maire «n'avait pas l'intention d'agir». «On compatit avec la situation de M. Horne, mais il y a un processus. Il n'a qu'à contester la contravention», a-t-elle indiqué. Si le maire commence à répondre à des demandes de citoyens pour régler des contraventions, il sera rapidement «submergé de demandes», indique-t-elle.