La mort a frappé la municipalité des Coteaux, en Montérégie, tout juste avant Noël, alors qu'une famille presque entière a été décimée dans l'incendie qui a pris naissance de manière encore inconnue dans leur appartement, dans la nuit d'hier.

La pluie verglaçante avait transformé la rue des Bouleaux en patinoire, hier matin. Un périmètre ceinturait l'endroit où, quelques heures plus tôt, un brasier avait emporté Patrick Gagnon, 37 ans, Karine Desrochers-Gauthier, 32 ans, et leur fillette Lorie, 4 ans. Les deux garçons, Félix et Mathis, âgés de 2 et 8 ans, ont pour leur part été conduits à l'hôpital Sainte-Justine.

Félix est mort en soirée, tandis que Mathis, dans un état critique, luttait toujours pour sa vie en fin de soirée.

Debout en bordure d'un cordon de sécurité, Anne Pelletier, une voisine, fixait les traces noirâtres sur la façade de l'appartement des victimes, perché au troisième étage d'un modeste immeuble de six logements. Comme plusieurs voisins, elle a été tirée du lit par les cris, les gyrophares et les sirènes.

«J'ai passé la nuit ici dehors à attendre des informations pour savoir quoi dire à mon fils lorsqu'il va se lever», a raconté Mme Pelletier, dont le fils joue régulièrement avec Mathis, l'aîné. Tous les voisins le décrivent comme un enfant sociable, dégourdi et curieux, ami de tous les enfants du quartier.

«Mon fils, qui s'appelle aussi Mathis, a finalement été mis au courant. Je lui ai annoncé la nouvelle en tentant de lui expliquer les risques reliés au feu», a indiqué Mme Pelletier, visiblement secouée. Elle n'est toutefois pas convaincue que son fils saisit bien l'ampleur du drame qui frappe la famille de son petit camarade. «Mais, tout à l'heure, il m'a dit: «Maman, comment il va vivre, Mathis, sans ses parents?» »

Cause inconnue

Cette triste histoire a débuté vers 2h30 du matin par un appel au 9-1-1. La grand-mère de Karine Desrochers-Gauthier, qui habite le même immeuble, dans l'appartement du dessous, a alerté les autorités.

L'incendie, circonscrit à l'appartement des victimes, a été maîtrisé aux aurores.

La Sûreté du Québec (SQ), qui mène l'enquête, ignore pour le moment les causes du sinistre. «Selon les premiers constats, il n'y aurait pas d'élément criminel», a indiqué la sergente Ingrid Asselin, de la SQ.

En attendant des explications, les voisins et les proches des victimes sont sous le choc. Pauline Lalonde, la grand-tante des victimes, vit dans le bâtiment voisin. Elle et son conjoint Fernand Deschamps ont pu regagner leur logement après avoir été évacués en pleine nuit. Le couple passait parfois des après-midi avec la petite Lorie, qu'il avait prise en affection. «Je l'appelais ma petite princesse. La mort d'enfants, c'est toujours triste», a soupiré M. Deschamps.

Depuis son bungalow situé de l'autre côté de la rue, Caroline Landry raconte avoir assisté au drame en direct, en compagnie de son conjoint. «On a vu les corps inanimés d'un des parents et d'un enfant, recouverts d'une couverture. Ce n'est jamais heureux, des choses comme ça, mais là, ça nous heurte plus parce que c'est dans le temps des Fêtes. C'est d'une tristesse...»

En plus de sa grand-mère, la mère de Karine Desrochers-Gauthier habitait jusqu'à tout récemment dans l'immeuble. «On les voyait se parler de balcon à balcon», ajoute Mme Landry, qui recevait aussi parfois la visite du jeune Mathis pour jouer avec ses filles. «Il était très beau et vif d'esprit, il posait plusieurs questions au sujet de ma fille atteinte de trisomie.»

Détecteurs de fumée

Présent sur les lieux du drame, Michel Choinière, le propriétaire de l'immeuble, n'était pas en mesure d'affirmer si les appartements ou l'immeuble étaient munis ou non de détecteurs de fumée. Même chose du côté de la Sûreté du Québec, qui poursuit ses recherches en ce sens.

«J'ai acheté le bloc il y a une quinzaine de mois, alors je ne sais pas. Mais c'est vraiment terrible!», a lancé le propriétaire, qui ne connaissait pas vraiment les occupants de son appartement de quatre pièces.

De son côté, la mairesse de la municipalité d'environ 5000 âmes parle d'une tragédie. «Je connais la famille touchée. On ne s'attend pas à ça. Notre municipalité est en deuil», a confié Denise Godin-Dostie. Elle assure que son administration offrira son soutien à la famille.

En milieu d'après-midi, la SQ avait pratiquement levé le périmètre de sécurité.

Myriam Dostie avançait prudemment dans la rue glacée, avec son bébé emmailloté dans sa poussette. «C'est vraiment désolant. Pas juste parce que c'est Noël. C'est juste très, très triste», a-t-elle laissé tomber avant de rentrer chez elle.