Les fouilles pour retrouver le corps de la petite Yohanna Cyr, disparue il y a 36 ans, dans un stationnement d'un centre de loisirs de l'arrondissement de Saint-Laurent n'ont pas été concluantes, vendredi.

Liliane Cyr, la mère de la fillette disparue a quitté le site des recherches, le coeur brisé, a expliqué Pina Arcamone directrice générale d'Enfant Retour qui accompagnait Mme Cyr durant cette journée difficile.

Mme Cyr nourrissait beaucoup d'espoir dans ces recherches. «C'est rough, j'ai essayé de me préparer à l'éventualité qu'on ne trouve rien, mais j'aimerais pas que n'y ait rien», avait confié à La Presse la mère de fillette, la voix étranglée tout en essuyant ses larmes, en début de journée.

«Peut être qu'on ne retrouve pas un corps complet, mais on pourrait trouver des fragments d'os», avait alors affirmé la mère.  Ça me permettrait de passer à autre chose, de ne pas toujours me demander 'es-tu morte ? Es-tu en vie ? Est-ce qu'elle a été maltraitée ? Est-ce qu'elle est mariée...ce sont des questions que je pose depuis des années.»

Cette paix intérieure, Mme Cyr ne le retrouvera pas aujourd'hui. Mme Cyr a passé l'avant-midi sur le site des recherches. Mais peu après 14 heures, une fois que les enquêteurs ont confirmé que les recherches n'avaient rien donné, la femme a aussitôt quitté les lieux, ébranlée.

La sergente-détective au dossier, Marie-Julie Durand s'est dit très triste pour la famille. Elle a ajouté que l'enquête n'était pas fermée pour autant et a invité toute personne qui croit avoir des informations à se manifester.

«Yohanna aurait eu 38 ans cette année, elle aurait peut-être des enfants», avait dit sa mère Liliane Cyr en matinée. Mais Yohanna n'a jamais même pu fêter son deuxième anniversaire de naissance. À 18 mois, la petite est disparue, le 15 août 1978.

En août cette année-là, le conjoint de Mme Cyr Aaron Lewis lui annonce que sa fille s'est noyée en son absence et avait déjà été enterrée. Lewis avait été arrêté et interrogé avant d'être relâché, faute de preuve.

Ce «cold case» a connu un nouveau développement en 2011, lorsque les policiers ont appris qu'une voisine de l'époque de Mme Cyr avait vu M. Lewis quitter son appartement vers minuit avec une boîte.

Les enquêteurs ont ensuite concentré leurs recherches sur un stationnement situé à quelques mètres de l'appartement de l'époque de Mme Cyr qui était un terrain vacant en 1978.

En collaboration avec la Polytechnique de Montréal, les enquêteurs avaient détecté des « anomalies » dans le sol de ce stationnement en septembre dernier. Ils croyaient que ces anomalies pouvaient être du métal et que Yohanna aurait pu y être enterré dans une boîte métallique.

Depuis la disparition de sa fille, Mme Cyr dit avoir passé toutes ces années à espérer que sa fille soit vivante. Mme Cyr a même cru un jour qu'elle l'avait croisé dans une rue de New York avant de réaliser son erreur. Chaque fois que les médias rapportaient qu'un corps d'un bambin avait été retrouvé, le coeur de Liliane se serrait.

«Mais depuis 3 ans, quelque chose me disait que c'était possible qu'elle ne soit plus en vie», explique-t-elle alors des larmes roulaient sur ses joues.

Il y a trois ans, Mme Cyr affirme que les policiers ont de nouveau rencontré M. Lewis. «Il a dit que le Bon Dieu l'avait rencontrée [Yohanne]. Quand tu rencontres le Bon Dieu, c'est qu'on est mort, non?»

Selon Mme Cyr, la voisine avait déjà dit à la mère et à la police qu'elle avait vu Lewis la nuit de la disparition. Mais elle s'était ensuite ravisée. « Je pense qu'elle avait peur», affirme Mme Cyr.