Depuis un mois, ils étaient sur la piste d'un trésor. Mercredi, une équipe conjointe de la Sûreté du Québec (SQ) et de la Gendarmerie du Canada (GRC) a fait irruption dans une résidence de Montréal et enfin récupéré une précieuse toile du peintre québécois Jean-Paul Riopelle qui avait été dérobée à Toronto.

«C'est exceptionnel», confirme le lieutenant Michel Brunet, porte-parole de la SQ, au sujet de la toile retrouvée, qui est évaluée à 225 000$.

L'Équipe intégrée des enquêtes en oeuvres d'art, formée de trois enquêteurs, reçoit une centaine de signalements de vol par année, mais rarement pour des oeuvres aussi importantes.

Les enquêteurs avaient été contactés le 1er avril parce qu'un Riopelle avait été volé à une galerie d'art torontoise. Ils ont mené des recherches pour découvrir que la toile avait voyagé et se trouvait maintenant entre les mains d'un particulier à Montréal. L'homme, qui a eu la surprise de voir la police débarquer chez lui, n'a pas été arrêté jusqu'à présent. Son rôle dans toute l'affaire reste à éclaircir, déclare la police. «Pour le moment, l'enquête se poursuit», s'est borné à dire le lieutenant Brunet.

Les policiers détiennent aussi la photo d'un suspect inconnu qu'ils cherchent à identifier et qui aurait participé à l'opération. Les policiers demandent l'aide du public.

La peinture retrouvée est une huile sur toile d'environ un mètre carré, sans titre, réalisée par Jean-Paul Riopelle en 1958, une année charnière dans sa carrière. L'artiste québécois, qui résidait alors à Paris, avait reçu une mention honorable aux prix du célèbre musée Guggenheim de New York, et son oeuvre avait fait l'objet d'une grande rétrospective à Cologne, en Allemagne, cette année-là.

Perturbation du marché

Depuis que la Sûreté du Québec a mis sur pied le service Art Alerte, qui permet à la police d'échanger de l'information avec les galeries, musées et collectionneurs au sujet des vols d'oeuvres d'art, les criminels doivent de plus en plus se tourner vers des particuliers pour écouler leur butin, remarque la police.

«Il rentre pas mal d'infos sur notre adresse courriel art.alerte@surete.qc.ca ou à la Centrale d'information criminelle au 1 800 659-4264. Ça vient souvent tuer le marché que les voleurs avaient. Une fois que c'est sur Art Alerte, il n'y a plus une galerie qui va acheter ça. Ils risquent d'être pris avec une oeuvre invendable», explique le lieutenant Brunet.

En février dernier, l'Équipe intégrée des enquêtes en oeuvres d'art avait retrouvé un fragment de bas-relief de l'Antiquité d'une valeur de 1,2 million de dollars qui avait été dérobé au Musée des beaux-arts de Montréal.

La police cherche aussi à identifier ce suspect, qui aurait participé à l'opération.