Visiblement troublé, agité et armé d'un marteau qu'il venait d'utiliser pour se défouler dans un hôtel du secteur, Alain Magloire a été abattu par un policier montréalais, rue Berri, hier matin.

Pourquoi toujours viser le thorax?

Peu avant 11h, la police de Montréal a été informée qu'un homme venait de commettre une agression au marteau et qu'il était en fuite dans le Quartier latin.

On le décrivait comme très grand, ayant la peau foncée et portant un cache-oeil.

Il a rapidement été localisé, à l'angle des rues Ontario et Berri.

On lui a intimé l'ordre de jeter son outil au sol, ce qu'il n'a pas fait.

Un agent a demandé le renfort de policiers équipés d'un pistolet à décharge électrique afin de maîtriser le quadragénaire. Vainement. Il n'est pas arrivé à temps.

Tout s'est produit très rapidement. Selon des sources policières, une agente aurait glissé au sol pendant l'intervention et Magloire se serait dirigé vers elle avec son marteau. Son partenaire aurait alors fait feu, touchant Magloire au thorax à trois ou quatre reprises, selon les témoins.

Il a rendu l'âme quelques heures plus tard.

Témoins perplexes

Plusieurs témoins ont assisté à la tragédie avec perplexité.

«C'est vrai que la personne n'obtempérait pas aux ordres. Un des policiers a tenté de le maîtriser avec du poivre de Cayenne. Une voiture de police est arrivée et l'a renversé, il s'est retrouvé sur le capot. Un policier l'a fait descendre et il est allé enlever ses sacs à dos. Un policier était près de lui, mais celui qui a tiré était à environ trois mètres. Est-ce qu'il a craint pour son collègue qui était près de l'homme?», se demande Sébastien Gédéon.

«Plusieurs fois, l'individu a crié aux policiers: «Tirez-moi dessus, tirez-moi dessus». Ce n'est pas clair s'il était menaçant pour les policiers, mais il n'avait pas toute sa tête. Ils étaient tellement nombreux, avec des armes, devant un homme avec un marteau. Je ne comprends pas», poursuit-il.

De la fenêtre de son bureau, Dominique Marleau dit avoir tout vu.

«L'homme avait chuté et se relevait. Il ne chargeait pas les policiers, selon moi. Le policier qui a tiré était à environ huit ou neuf pieds», affirme-t-elle.





PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

La victime, Alain Magloire

Grabuge dans un hôtel

Dans les instants avant le drame, l'homme avait causé du grabuge à l'hôtel Montréal Centrale, rue Saint-Hubert, où il avait logé dans un dortoir depuis vendredi.

«Je m'entendais bien avec [lui], j'aurais pu l'inviter à prendre un verre et regarder le Super Bowl», raconte Calvin Sims, jeune touriste ontarien qui logeait dans le même dortoir avec des amis.

«Mais ce matin, il s'est mis à frapper avec son marteau dans la porte de la salle de bains, en criant qu'il avait besoin d'y aller. Plus tard au déjeuner, on lui a dit que ce n'était pas correct ce qu'il avait fait, que c'était violent. Il m'a lancé une cuiller. J'ai dit au réceptionniste qu'on ne le voulait plus dans notre chambre, qu'il était fou. Le réceptionniste lui a alors annoncé qu'il ne lui redonnerait pas son dépôt de 50$ parce qu'il avait brisé la porte. Il s'est mis à frapper dans les fenêtres avec son marteau et le commis a été blessé au front par un éclat de verre», raconte le jeune Sims.

Problèmes de santé mentale

Selon l'agent Danny Richer, porte-parole du SPVM, l'homme était connu de leurs services. Il a ajouté qu'ils ont dû intervenir auprès de lui à quelques reprises récemment. Magloire était plus connu pour ses problèmes de santé mentale et de drogue que pour ses démêlés judiciaires, peu nombreux.

Comme c'est le cas chaque fois qu'une personne meurt lors d'une intervention policière, l'enquête a été confiée à un autre corps policier, la Sûreté du Québec en l'occurrence.

Des précédents

7 juin 2011

À 6 h 40, rue Sainte-Catherine, Mario Hamel est agressif et désorienté. Les policiers interviennent, Mario Hamel se rue sur un agent. Trois policiers ouvrent alors le feu et l'individu s'écroule. Patrick Limoges, un employé de l'hôpital Saint-Luc qui se rendait au travail au même moment, est atteint mortellement par une balle perdue.

6 janvier 2012

Les policiers du Service de police de la Ville de Montréal interceptent Farshad Mohammadi, un sans-abri, à la station de métro Bonaventure. L'homme de 36 ans est armé d'un couteau. Il blesse un policier et prend la fuite. Il est pris en chasse par des agents, et il est tué par un projectile qui l'atteint au haut du corps.

16 février 2012

La police répond à un appel de détresse fait dans un appartement du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Jean-François Nadreau s'y trouve. Il est armé d'un long couteau, et il refuse de collaborer avec les autorités. Il se rue sur un policier et, coincés dans un couloir étroit, les agents sur place tirent au moins une fois. L'homme meurt sur le coup.