Un ancien soldat d'élite de l'armée canadienne, Louis-Vincent Bourcier, a été condamné à 12 ans de pénitencier hier pour importation et trafic de fentanyl et de carfentanil, des opioïdes respectivement 40 fois plus fort que l'héroïne et 100 fois plus puissant que le fentanyl.

Bourcier, 34 ans, était l'un des responsables d'une entreprise appelée Pharmaphil qui offrait des drogues sur le web clandestin (dark web). Les clients payaient en cryptomonnaie et les trafiquants leur faisaient parvenir les produits par la poste, au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

Bourcier traitait lui-même la drogue - qu'il recevait également par la poste - dans une pièce aménagée dans le sous-sol de sa résidence de Châteauguay. Sa conjointe était enceinte au moment des actes reprochés, survenus entre avril et décembre 2017. Sa résidence est également située tout juste à côté d'une garderie en milieu familial.

Bourcier, sa conjointe et un complice, Robert Mitrache (qui déposait les enveloppes contenant la drogue dans des boîtes aux lettres et qui a été condamné à 12 ans), ont été arrêtés à l'issue d'une ingénieuse enquête de la Gendarmerie royale du Canada baptisée Crocodile.

L'enquête avait débuté au printemps 2017, après qu'une douanière s'est retrouvée en détresse respiratoire en manipulant une enveloppe contenant du fentanyl de Pharmaphil, au centre de tri Léo-Blanchette à Montréal. 

Louis-Vincent Bourcier a été accusé et a reconnu sa culpabilité à quatre chefs de complot, exportation, possession dans un but de trafic et trafic de substances. 

Un grand potentiel létal

Bourcier est détenu depuis son arrestation en décembre 2017. En soustrayant la détention préventive, il lui reste dix ans et quatre mois à purger.

En entérinant une suggestion commune de la poursuite et de la défense, la juge Sylvie Kovacevich, de la Cour du Québec, a souligné le «rôle important» de Bourcier, «l'organisation et l'aventure structurées» dont il a fait partie, et le fait que cette organisation avait des ramifications internationales. 

Pour sa part, la procureure de la poursuite, Me Marie-Ève Parent, a expliqué durant sa plaidoirie que la quantité de drogue saisie durant l'enquête représentait 1942 doses potentiellement létales pour le fentanyl et 180 000 doses hypothétiquement mortelles pour le carfentanil.

De son côté, l'avocat de Bourcier, Me Richard Dubé, a souligné le fait que son client n'avait pas d'antécédents judiciaires, qu'il n'est pas criminalisé, qu'il avait un emploi de frigoriste à plus de 80 000 $ par année et qu'il n'avait pas besoin d'argent. «On peut se demander ce qu'il fait ici», a dit l'avocat.

«Il a fait une introspection. Il était parachutiste dans l'armée, il a fait deux missions en Afghanistan. Lorsqu'il est revenu ici, il était en syndrome post-traumatique. Sa mère a témoigné. Il a été mal durant une longue période. Au moment des délits, il n'allait pas bien», a ajouté Me Dubé.

La conjointe de Bourcier faisait face aux mêmes accusations que lui, mais la poursuite a annoncé qu'elle n'avait pas de preuve à offrir et la juge l'a acquittée.

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