La recrudescence des incendies criminels liés aux conflits internes au sein de la mafia montréalaise constatée à la fin de 2016 semble vouloir se poursuivre en ce début d'année ; seulement six jours se sont écoulés dans cette nouvelle année et déjà on enregistre deux attentats attribuables à des incendiaires dans la région de Montréal.

Le plus récent souligné d'abord par le quotidien The Gazette est survenu vers 2 h dans la nuit de mercredi à jeudi, à Laval. Le système d'alarme s'est déclenché au salon de coiffure Streakz situé au 5525 de la rue Robert-Bourassa et lorsque les policiers sont arrivés sur les lieux, ils ont constaté que la vitrine avant du commerce avait été fracassée et que les flammes ravageaient tout l'intérieur du salon. Appelés sur les lieux, les pompiers ont rapidement éteint le sinistre. « Aussitôt qu'ils sont entrés à l'intérieur, ils ont senti une forte odeur d'accélérant », raconte l'agent Franco Di Genova de la police de Laval.

Toutefois, les dommages n'ont vraisemblablement pas été importants puisque La Presse a constaté que le salon était ouvert aujourd'hui.

Encore les paris sportifs ?

Le salon de coiffure Streakz - à ne pas confondre avec le salon de coiffure Streaks - appartient à la femme de Carmelo Cannistraro, un individu connu des policiers comme étant lié à la mafia. Depuis des années, l'homme de 46 ans serait l'un des lieutenants du volet paris sportifs des opérations de la mafia, selon nos sources.

À l'issue de l'importante enquête antimafia Colisée de la GRC, Cannistraro a été accusé en 2006 d'avoir fait partie d'un réseau de paris sportifs qui aurait rapporté au moins 27 millions de dollars en un an et demi à l'organisation, selon un expert policier. Les opérations ont été exploitées à partir de sites internet dont les serveurs ont été hébergés au Belize avant d'être déménagés sur la réserve amérindienne de Kahnawake.

Les accusés se sont vus imposer des amendes totalisant 1,1 million de dollars et Cannistraro a dû verser le montant le plus important, soit 250 000 $.

Selon nos informations, Carmelo Cannistraro a été observés par les policiers durant l'enquête Magot qui a décapité le crime organisé montréalais en novembre 2015. Il aurait notamment été vu au Romcafé de Laval, où le défunt parrain Vito Rizzuto avait établi son quartier général lors de son retour au Québec à l'automne 2012, après avoir purgé une peine de six ans aux Etats-Unis.

En septembre dernier, quelques cafés que la police croit liés aux opérations de paris sportifs de la mafia ont été les cibles d'incendiaires. Des sources avaient alors confié à La Presse que ces incendies pourraient être l'oeuvre d'individus qui tenteraient de mettre la main sur le « livre » des paris sportifs de la mafia, un des derniers éléments qui seraient toujours contrôlés par les restes du clan des Siciliens. Selon des policiers, dans la mafia, le groupe qui possède ce fameux livre est le clan dominant. Les enquêteurs des incendies criminels de la police de Laval devront vérifier si l'attentat au salon de coiffure Streakz peut être un nouveau chapitre de ce bras de fer pour les paris sportifs.

Cinquième fois

L'autre incendie criminel lié à la mafia cette année a eu lieu dans la nuit du premier au deux janvier. Un présumé importateur de cocaïne, Marco Pizzi, a reçu des voeux de bonne année particuliers lorsque sa voiture a flambé dans l'entrée de sa résidence de la rue Gouin Est.

Pizzi, 47 ans, est un homme marqué. En 2016, il a été la cible d'une spectaculaire tentative de meurtre à Montréal-Est le 1er août et a été visé par au moins quatre incendies criminels. Il a également été arrêté dans une importante enquête de la GRC baptisée Clemenza en mai et est accusé d'importation de stupéfiants.

En entrevue avec La Presse il y a quelques semaines, le commandant des Incendies criminels du SPVM, Juan Vargas, a déclaré que 13 feux liés à la mafia ont été commis en 2016 à Montréal, dont 12 depuis le début septembre seulement.

____________________________________________________________________

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.