L'ex-leader de Femen Québec, Kseniya Chernyshova, arrêtée à New York le 11 novembre, verra vraisemblablement l'accusation de prostitution qui pèse contre elle être abandonnée par le procureur du district de New York.

La Montréalaise, qui réalise un film sur la prostitution, est revenue au Québec après avoir rencontré vendredi les enquêteurs de l'Unité de lutte contre la traite des personnes du bureau du procureur de New York. Mme Chernyshova a accepté d'échanger des informations contre un «proffer agreement», lettre d'entente lui assurant une certaine protection contre une poursuite. «Ils m'ont montré plein de photos de clients et de prostituées, mais je n'en connaissais aucun. Je ne sais rien de ce qu'ils cherchaient», a-t-elle expliqué.

Tard dans la soirée du 11 novembre, les policiers new-yorkais ont arrêté et détenu l'activiste montréalaise pendant 24 heures, affirmant qu'elle avait «accepté de participer à un échange sexuel contre la somme de 300 $». Mme Chernyshova devait comparaître ce matin à New York pour répondre de cette accusation, mais son avocate, Danielle Von Lehman, affirme dans un message transféré à La Presse avoir conclu une entente d'« ajournement en prévision du retrait de l'accusation [adjournment in contemplation of dismissal] » avec le procureur du district. Cette entente officialisera le retrait du chef d'accusation de prostitution d'ici trois à six mois, sous certaines conditions qu'il reste à établir.

Une opération «undercover»

Lors d'une rencontre hier à Montréal, Kseniya Chernyshova a affirmé à La Presse avoir été prise dans une «opération undercover des policiers» alors qu'elle croyait rencontrer un homme désireux de financer la production de son docu-fiction intitulé Reine et ruine. «J'ai récolté plusieurs dons de 100 $ ou 200 $ lors de rencontres semblables, pendant des soirées dont je contrôlais le déroulement. Ça frôlait le "dinner date", un concept qu'on trouve dans l'industrie du sexe, mais c'était des rencontres où j'expliquais le but de mon film», assure-t-elle.

L'actrice et réalisatrice admet qu'elle «jouait sur la limite» pour récolter ces sommes. Dans le cadre d'une campagne de sociofinancement sur l'internet, elle proposait notamment à d'éventuels donateurs d'assister à une performance artistique privée de sa part au Slipper Room, un théâtre burlesque de New York «qui s'apparente à une boîte de strip-tease», dit-elle.

Le soir de son arrestation, elle s'attendait à rencontrer un donateur potentiel qui lui avait été adressé par une femme travaillant dans l'industrie du sexe. En arrivant à l'hôtel Continental de New York, elle a immédiatement été accueillie par l'homme qui lui a demandé de lui parler en privé. «Je lui ai fait confiance», raconte Mme Chernyshova.

Quelques instants après être arrivée dans la chambre de l'homme, l'actrice a été arrêtée et menottée.

«Les policiers disent que j'ai accepté de prendre une douche avec lui. C'est faux. Il n'y a même pas eu de discussion sur la sexualité», insiste-t-elle.