Les policiers canadiens manquent de ressources pour remédier à la menace grandissante que posent les cyberprédateurs pour les enfants, signalent des représentants fédéraux.

Une note d'information destinée au ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, affirme que les organismes de justice pénale ont de plus en plus de défis à relever en matière de pornographie juvénile en ligne.

Selon la note, les progrès technologiques permettant l'anonymat sur le web, les nouveaux obstacles légaux auxquels sont confrontés les policiers et les déplacements plus faciles vers des pays où il est possible d'agresser et de photographier des enfants sont à l'origine du problème.

La Presse canadienne a obtenu une copie de la note datant de février grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Le document trace les grandes lignes de plusieurs initiatives visant à élaborer des solutions et à cibler les délinquants.

Le document mentionne aussi que le niveau d'exploitation sexuelle des enfants a atteint des «proportions épidémiques», selon certains, et que des conséquences désastreuses sont à prévoir pour des générations d'enfants à venir, tant au Canada qu'à l'étranger.

«Il est essentiel que le gouvernement travaille avec tous les acteurs pour obtenir une compréhension globale des défis et pour identifier les besoins».

La note interne cite le cas d'Amanda Todd, une adolescente en Colombie-Britannique qui s'est suicidée après avoir été harcelée sexuellement en ligne.

Les statistiques du système de justice démontrent que les incidents de pornographie juvénile et de violence contre des enfants ont augmenté en 2014 comparativement à l'année précédente, malgré une baisse du nombre de crimes en général.

Cybertip.ca, un site national pour dénoncer les abus sexuels d'enfants commis en ligne, rapporte aussi un plus grand nombre de dénonciations, incluant une augmentation de la gravité des actions et des images d'enfants très jeunes, précise la note.

Le document mentionne les différentes mesures élaborées, dont une stratégie nationale, pour épingler les délinquants.

La GRC est l'un des seuls corps policiers canadiens à affecter des ressources à l'élaboration de solutions et à des opérations secrètes qui ciblent les contrevenants utilisant des technologies sophistiquées, affirme la note.

Il souligne toutefois que les ressources actuelles sont insuffisantes pour suivre le développement rapide de cette problématique complexe.

Les pornographes emploient des moyens numériques pour cacher leur identité, ainsi que leurs communications quand ils distribuent des images illicites à travers la planète.

De plus, la police a maintenant besoin d'autorisations judiciaires pour obtenir des informations liées à des activités en ligne, selon un verdict de la Cour suprême du pays.

La note affirme que cette nouvelle restriction «cause des retards dans les enquêtes». Elle mentionne aussi que certaines enquêtes ont dû être abandonnées parce que les conditions nécessaires à l'obtention d'un mandat judiciaire n'étaient pas réunies.

Le gouvernement met constamment à jour ses lois et ses outils en raison des nombreux changements de moyens techniques, a déclaré Scott Bardsley, un porte-parole du ministre Goodale. Il a jouté que le gouvernement procède présentement à une révision pour déterminer si la GRC a suffisamment de ressources pour réaliser son mandat.