Les huit individus arrêtés dans le dernier volet de l'opération Clemenza de la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) le 11 mai dernier, et qui étaient détenus depuis, ont tous été libérés lundi matin, en attendant la suite des procédures.

Marco Pizzi, Erasmo Crivello, Riccardo Preterotti, Antonio Ciavaglia, Frank Iaconetti, Hansley Lee Joseph, Frank Albanese et Carmelo Marsala sont accusés de complot, trafic de cocaïne, importation de cocaïne et gangstérisme pour des actes reprochés qui se sont déroulés sur une période de 11 mois en 2011.

Un interdit de publication nous empêche de dévoiler les détails de la preuve et les raisons données par la juge Linda Despots de la Cour du Québec pour les libérer. Écrivons simplement que la magistrate, malgré qu'elle ait souligné la gravité des accusations, a statué que les accusés ont démontré durant leur enquête sur remise en liberté qui a eu lieu ces dernières semaines, que leur libération ne compromettrait pas leur présence devant la cour, ne représenterait pas un danger pour la population et ne minerait pas la confiance du public dans l'administration de la justice.

En revanche, la juge leur impose de sévères conditions. Ainsi, les accusés ont dû verser des dépôts ou s'engager pour des hypothèques judiciaires pour des sommes variant entre 165 000 $ et 15 000 $ pour chacun d'entre eux.

Outre les conditions usuelles, les accusés devront remettre leur passeport, ne pourront pas quitter le pays, devront se rapporter à la GRC une fois par semaine, ne pourront pas utiliser d'appareils de type BlackBerry, ne pourront pas posséder d'arme, ne pourront pas consommer des stupéfiants ou se trouver dans des endroits où l'on en consomme, ne pourront pas communiquer entre eux et avec plusieurs individus, dont le jeune chef de clan de la mafia Vittorio Mirarchi.

Selon la preuve, certains des accusés de la frappe policière du 11 mai dernier font partie de son clan, mais même si le nom de ce dernier figure comme comploteur sur les dénonciations, il n'a pas été accusé. La cause a été reportée au 12 juillet.

Un peu d'histoire...

L'Unité mixte de lutte au crime organisé (UMECO) de la GRC a déclenché l'enquête Clemenza à la fin de 2010. Elle visait les clans de la mafia qui avaient pris du gallon après l'affaiblissement des Siciliens dans l'opération Colisée en 2006, dont ceux de Raynald Desjardins et de Vittorio Mirarchi.

Les enquêteurs de la GRC espionnaient et écoutaient leurs appareils lorsque l'aspirant parrain Salvatore Montagna a été tué à Charlemagne en novembre 2011. La preuve du meurtre reposait principalement sur des échanges de messages entre les suspects et c'est ainsi que Desjardins, Mirarchi et d'autres membres de leur garde rapprochée ont été arrêtés pour l'assassinat de Montagna un mois plus tard.

Les policiers fédéraux ont dû remettre une partie de leur preuve à leurs collègues de la Sûreté du Québec qui enquêtaient sur le meurtre de Montagna et c'est ainsi que l'existence de l'enquête Clemenza a dû être dévoilée devant les tribunaux, ce qui a chamboulé et retardé la suite de l'investigation.

Une fois retombés sur leurs pieds, les enquêteurs de Clemenza ont ensuite mené des rafles successives en 2014, 2015 et 2016 et frappé séparément quatre organisations de la mafia montréalaise, les clans de Giuseppe De Vito-Alessandro Sucapane, des frères Bastone, des frères Silvano et enfin le groupe de Vittorio Mirarchi.

Mais le meurtre de Montagna a pratiquement mis fin à l'enquête et c'est la raison pour laquelle les actes reprochés datent de l'année 2011.

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