L'homme accusé d'avoir attaqué au nom d'Allah des soldats dans un centre de recrutement de l'armée canadienne, en mars à Toronto, est jugé inapte à subir son procès - pour l'instant du moins.

Quelques heures après avoir été formellement accusé par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) de neuf nouveaux chefs liés spécifiquement au terrorisme, Ayanle Hassan Ali, âgé de 27 ans, a appris qu'à la suite d'une évaluation psychologique de deux mois, un juge avait statué qu'il n'était pas apte à subir son procès. Selon son avocate, Maureen Addie, le juge a convenu qu'il «présentait toujours les symptômes psychotiques d'une importante maladie mentale».

Le juge Riun Shandler, de la Cour de l'Ontario, a alors ordonné à l'accusé de subir des traitements pendant 60 jours, dans l'espoir que son état s'améliore et qu'il puisse subir ensuite son procès.

Son avocate a indiqué que la Couronne avait demandé le 30 mars une évaluation psychiatrique d'un mois, et que l'hôpital où il séjournait avait ensuite demandé une prolongation d'un mois. L'audience sur son état de santé mentale a donc eu lieu lundi - le jour même où la GRC déposait de nouvelles accusations.

Le Service de police de Toronto avait porté neuf accusations contre Ayanle Hassan Ali tout de suite après son arrestation, en mars: trois chefs de tentative de meurtre, deux chefs de voies de fait causant des lésions corporelles, trois chefs d'agression armée et un chef de port d'arme dans un dessein dangereux pour le public.

Depuis, la GRC, après une enquête criminelle «poussée» de son Équipe intégrée de la sécurité nationale, a repris les mêmes accusations, mais cette fois en y adjoignant l'article 83.2 du Code criminel. Cette disposition pénalise davantage tout crime commis «au profit ou sous la direction d'un groupe terroriste, ou en association avec lui» - ce crime est alors passible d'un emprisonnement à perpétuité. «Les accusations liées au terrorisme nécessitent une enquête poussée, ce qui peut prendre beaucoup de temps», a indiqué mardi la commissaire adjointe de la GRC Jennifer Strachan.

Dans son communiqué, mardi, la GRC n'a pas précisé l'identité de ce présumé groupe terroriste. Les nouvelles accusations de la GRC s'ajoutent par ailleurs aux neuf autres déposées par le Service de police de Toronto le 15 mars.

Deux soldats avaient été légèrement blessés lors de cette agression. Selon la police, Ayanle Hassan Ali serait entré dans un centre de recrutement des Forces armées canadiennes à Toronto, l'après-midi du 14 mars dernier, en brandissant un couteau. Le chef de police, Mark Saunders, a indiqué quelques jours plus tard que l'accusé s'était mis aussitôt à agresser un caporal en uniforme.

Pendant que des militaires protégeaient les civils sur place, l'accusé aurait tenté sans succès d'atteindre de son couteau une militaire, selon les enquêteurs. Les militaires auraient alors réussi à maîtriser l'accusé en attendant l'arrivée des policiers. Un autre militaire a été blessé lorsque l'accusé a été appréhendé.

«Sur place, l'accusé a soutenu que c'est Allah qui lui avait demandé de se rendre là et de tuer des gens», a soutenu le chef Saunders.

On connaît très peu de choses d'Ayanle Hassan Ali, si ce n'est qu'il est né à Montréal et qu'il s'est installé à Toronto vers 2011.