Sarto Berthiaume, considéré comme le numéro deux du «clan des narcotorpilles», n'aura pas à se présenter devant les commissaires aux libérations conditionnelles, à la fin du mois.

L'homme de 64 ans a appris hier qu'il pourrait quitter pour de bon le pénitencier de Cowansville, après une lutte de quelques années devant les tribunaux.

Berthiaume avait été arrêté avec d'autres individus en décembre 2006, dans une enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) baptisée Cubain visant des trafiquants qui avaient importé 200 kg de cocaïne en les dissimulant dans des cylindres soudés à la coque de navires.

Contrairement à ses coaccusés, Berthiaume a rapidement plaidé coupable à une accusation de complot en mai 2007 et été condamné à 12 ans de pénitencier.

Or, durant la suite des procédures, les avocats de ses coaccusés ont fait valoir que la GRC avait utilisé dans son enquête, en tant qu'agent d'infiltration, un détenu en libération conditionnelle et que ce dernier contrevenait aux conditions qui lui avaient été imposées sans que les Services correctionnels et la Commission des libérations conditionnelles du Canada en soient avisés. Des coaccusés ont alors bénéficié d'un arrêt des procédures, arguant que la preuve avait été obtenue illégalement et qu'il s'agissait d'un abus qui violait les principes de justice fondamentaux et la Charte des droits et libertés.

Devant ce retournement de situation, Berthiaume a manifesté son intention de ne plus plaider coupable et s'est adressé à la Cour d'appel, qui a jugé en janvier dernier que le détenu pouvait bénéficier d'une extension de délai. Enfin, hier, dans une nouvelle décision, le plus haut tribunal du Québec a décrété l'arrêt du processus judiciaire.

Fait à noter, Berthiaume avait été libéré d'office à la fin de l'été dernier, après avoir purgé les deux tiers de sa peine. Mais sa libération a été révoquée en janvier, à la suite d'un non-respect des conditions. C'est pourquoi il devait se présenter de la commission des libérations conditionnelles à la fin du mois.

Plongeurs à 100 000$

Même si Berthiaume est libre aujourd'hui, il avait raconté aux commissaires aux libérations conditionnelles en octobre 2013 comment son associé, Gilbert Kelly, et lui avaient mis au point un ingénieux système pour importer de la cocaïne de Colombie. Leurs contacts dans ce pays ciblaient des navires qui se rendaient régulièrement au Canada. Durant la nuit, des plongeurs fixaient des tuyaux ou des cages en forme de torpille dans une prise d'air ou sous les stabilisateurs de la coque, sous la ligne de flottaison de ces bateaux.

Lorsque les bateaux accostaient au port de Belledune, au Nouveau-Brunswick, ou dans un port du Québec, Kelly et Berthiaume envoyaient une équipe de plongeurs, payés 100 000$ chacun, pour récupérer la drogue.

Mais à l'automne 2004, les plongeurs ont été incapables de récupérer la drogue sur un bateau amarré au port de Belledune en raison de la mer agitée. Le navire est retourné en Colombie, où les policiers ont découvert la cocaïne et avisé la GRC.

Gilbert Kelly n'a jamais été arrêté dans cette affaire.