Des richesses considérables, disséminées aux quatre coins du monde: les autorités québécoises ont l'oeil sur les fruits présumés de la corruption au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Un juge a rendu publiques hier les ordonnances de blocage obtenues à la suite de l'enquête sur le scandale du superhôpital anglophone. Voici donc les endroits où la justice ira puiser des millions si les accusés sont reconnus coupables. Pour l'instant, les allégations des autorités n'ont pas été testées devant les tribunaux.

Condo de luxe

Selon l'Unité permanente anticorruption, le patron du CUSM, Arthur Porter, et l'un de ses bras droits, Yanai Elbaz, se sont entendus par écrit pour se partager à parts égales les 22,5 millions de dollars en pots-de-vin versés par SNC-Lavalin pour obtenir le contrat du superhôpital. Yanai Elbaz a utilisé 580 000$ pour acheter un condo de luxe dans l'hôtel Atlantis de Nassau, aux Bahamas.

Comptes en banque

Les procureurs du Bureau de lutte aux produits de la criminalité ont pour mission de récupérer un maximum d'argent sale, jusqu'à concurrence de 22,5 millions. À cette fin, ils ont gelé les comptes de Yanai Elbaz, d'Arthur Porter, de leurs proches ou de gens à qui ils ont confié des fonds, dans une banque suisse établie aux Bahamas, mais aussi en Israël, en Ohio, à Chypre, à Hong Kong et en Sierra Leone, le pays natal d'Arthur Porter. Chaque compte a été ciblé parce qu'il aurait accueilli une partie des pots-de-vin, dans le cadre de complexes opérations financières que la police assimile à une tentative de brouiller les traces du crime.

Maisons

Les nombreuses résidences de la famille Porter ont toutes été bloquées dans le but d'être éventuellement confisquées. La famille avait sa maison principale dans la communauté clôturée d'Old Fort Bay, à Nassau, aux Bahamas. Elle possédait aussi une luxueuse maison à Saint-Kitts, ainsi que deux résidences plus modestes occupées par deux des filles d'Arthur Porter, en Floride et au Michigan. Une autre ancienne maison des Porter aux Bahamas, vendue, mais pas encore payée, a été bloquée.

Bureau

Les autorités québécoises ont aussi fait bloquer un bureau où étaient enregistrées certaines des entreprises d'Arthur Porter, près de sa résidence, aux Bahamas. La Presse avait visité l'endroit en 2012 et trouvé une coquille pratiquement vide, visiblement peu utilisée. Notons que si les propriétés ou les comptes bancaires sont confisqués et vendus, les pays qui auront aidé les autorités québécoises garderont une part du magot pour couvrir leurs frais.