Le grand patron de l'IRFAN semblait obsédé par les juifs, qu'il accusait d'être à l'origine de tous les problèmes de son organisme, ont constaté les policiers.

Si l'IRFAN s'est retrouvé dans la ligne de mire des autorités, c'est parce qu'il était le plus gros «organisme de charité arabe islamique» au pays et que «les juifs ont un problème avec ça», aurait dit Rasem Abdel-Majid.

Le dirigeant de l'IRFAN a discuté plusieurs fois sans le savoir avec un policier de la GRC qui se présentait incognito à son bureau de Mississauga, en se faisant passer pour un simple citoyen d'origine arabe.

Abdel-Majid aurait déploré que «le gouvernement du Canada est avec les juifs» et que ceux-ci eussent «donné le ok» pour ce gouvernement. Il a aussi déploré que son site web fût la cible de «pirates informatiques juifs», ce que le policier a noté scrupuleusement dans son rapport.

Il s'est aussi désolé que des talibans, dont il disait toutefois ne pas connaître grand-chose, meurent chaque jour aux mains des Américains et que personne ne proteste.

Enregistré par le FBI

La GRC affirme qu'Abdel-Majid était présent en 1993 à une rencontre clandestine de partisans du Hamas tenue à Philadelphie. Le FBI a enregistré secrètement les discussions.

Un leader américain du groupe, Shukri Abu Baker (il a été condamné à 65 ans de prison depuis), avait demandé aux participants de dissimuler leurs liens avec le Hamas pour pouvoir continuer à amasser de l'argent aux États-Unis, en infiltrant et en prenant le contrôle d'organisations qui apportaient de l'aide humanitaire aux Territoires palestiniens.

Pendant la réunion, Rasem Abdel-Majid aurait déploré le peu d'appuis qu'il trouvait chez les immigrants palestiniens au Canada.

«Ils ne supportent pas l'organisation ou l'activisme islamique. Ils ont besoin de prendre conscience», se plaignait-il. Il disait aussi que la sollicitation serait facilitée sous peu par l'obtention d'un «enregistrement» légal. Selon la GRC, Abdel-Majid faisait référence à la création d'un organisme de bienfaisance accrédité.

Faisal Mirza, l'avocat de M. Abdel-Majid, a souligné à La Presse que son client n'est toujours accusé de rien. Il a dit croire qu'une grosse partie de la preuve contre son client serait inadmissible en cour et que celui-ci compte se défendre vigoureusement.