Forcé de composer avec des cellules et des conditions de détention mal adaptées à son état, un trafiquant de drogue obèse est parvenu à faire compter sa détention préventive en temps et demi plutôt qu'en temps simple.

Quelques jours avant que Denis Beaudry ne reçoive sa sentence, le 15 avril dernier, la Cour suprême du Canada avait rendu une décision permettant aux juges de majorer le crédit accordé pour la détention préventive des criminels, ce qui a apporté de l'eau au moulin à la cause du trafiquant de drogue.

Beaudry, 42 ans, est détenu depuis son arrestation en septembre 2011 lors d'une importante opération de la Sûreté du Québec baptisée Matamore visant un réseau de trafiquants de cocaïne et d'autres stupéfiants. Mais depuis un peu plus de deux ans et sept mois, le détenu de 400 livres vit un véritable cauchemar en prison, dit-il.

Lit trop petit

Le détenu s'est notamment plaint des douches trop rapprochées et des matelas trop petits qui lui infligent des maux de dos chroniques contre lesquels il doit lutter avec des médicaments.

«Je sais que je ne suis pas au Hilton, mais un peu de compassion. Il n'y a pas que des maigres qui font de la prison», a témoigné Beaudry.

Au cours de sa détention, Beaudry a été transféré d'établissement en établissement à plus d'une vingtaine de reprises, dont une dizaine de fois du Centre de détention de Montréal, en raison des travaux de rénovation. Son avocat, Me Stéphan Beaudin, a également dit la semaine dernière qu'au cours des deux derniers mois, au Centre de détention Rivière-des-Prairies, son client en a vécu «d'autres belles» dont il pourrait témoigner durant des heures.

Me Beaudin et son homologue de la Couronne, Me Brigitte Martin, se sont toutefois entendus sur une peine totale de 50 mois et une détention préventive comptée en temps et demi, entente entérinée par le juge Christian Tremblay de la Cour du Québec. En conséquence, Beaudry a donc encore trois mois à purger.

Denis Beaudry avait plaidé coupable à des accusations de complot dans un but de trafic et de trafic de cocaïne et d'autres drogues en mars. Les enquêteurs n'avaient pas trouvé une grande quantité de stupéfiants chez lui, mais l'écoute électronique avait permis d'évaluer qu'il écoulait de 100 et 200 grammes à cocaïne par semaine.