Un prédateur sexuel montréalais notoire, qui a déjà fait publiquement la promotion de la pédophilie au Canada, fait face à 10 ans de prison au Cambodge, où il vient d'être épinglé pour des agressions sur une dizaine d'enfants.

Pierre Deslauriers, 70 ans, photographe professionnel et grand voyageur, a été inculpé à partir de son lit d'hôpital, dans la ville touristique de Siem Reap, près des célèbres temples d'Angkor Wat.

Le Montréalais s'est lui-même blessé avec un couteau de poche lorsque la police s'est présentée pour l'arrêter dans la minable chambre qu'il louait pour 3$ par jour.

Selon le journal Cambodia Daily, Deslauriers se serait enfermé dans sa chambre, puis se serait entaillé le ventre et les poignets. Les policiers ont défoncé la porte et lutté pour lui arracher l'arme avant de l'appréhender.

Action pour les enfants, une ONG qui collecte des dons partout dans le monde pour lutter contre l'exploitation sexuelle des mineurs, a expliqué à La Presse qu'elle avait été alertée jeudi dernier au sujet de la présence de Deslauriers à Siem Reap.

Deux garçons de 10 et 12 ans disaient avoir été agressés à plus d'une reprise. Leurs parents affirmaient même avoir été témoins de la situation. Dimanche, les représentants de l'organisme ont aperçu Deslauriers qui s'enfonçait dans la forêt avec quatre garçons âgés de 10 à 14 ans. Appelée à la rescousse, la police a secouru les mineurs et recueilli trois nouveaux témoignages incriminants, pendant que Deslauriers s'enfuyait vers sa maison de chambres.

Destination pour agresseurs d'enfants

Les enfants ont raconté avoir vu quatre autres mineurs se faire agresser par Deslauriers, ce qui porterait théoriquement le nombre de victimes à neuf pour l'instant. Deslauriers leur aurait donné entre 1$ et 5$ américains pour les pousser à faire des actes à caractère sexuel sur lui.

«Cette ville est la plus célèbre ville culturelle du Cambodge, mais elle est aussi une destination pour les agresseurs d'enfants en voyage», a déploré Moden Yi, porte-parole d'Action pour les enfants.

Au Canada, Pierre Deslauriers a déjà fait une présentation pro-pédophilie lors d'un «colloque sur les sexualités» au Collège de Maisonneuve, au tournant des années 90. Il avait aussi publié un article dans un magazine à circulation restreinte pour défendre sa position.

Condamné une première fois pour exhibitionnisme en 1968, puis pour agression sexuelle en 1987 (il avait obtenu un sursis de peine), Deslauriers a ensuite écopé de cinq ans de prison en 1994 pour attouchements sexuels sur deux fillettes de 3 et 5 ans. Les gestes s'étaient produits dans son studio de la rue Duluth à l'occasion d'une séance de photographies. Lors de son arrestation, les policiers ont découvert chez lui de la pornographie juvénile, dont une partie de son cru.

À son procès, il a raconté être tombé amoureux d'une fillette de 6 ans lorsqu'il avait 16 ans, puis avoir découvert la pornographie juvénile en 1977 lors d'un voyage en Europe. Devant la cour, il s'était lancé dans une nouvelle tirade en faveur de la pédophilie, en avançant l'hypothèse que «dans 200 ans», la société accepterait peut-être davantage cette pratique.

Des experts qui l'avaient évalué avaient affirmé au tribunal qu'il présentait un fort risque de récidive, puisqu'il ne trouvait rien de malsain à ses gestes.