L'homme d'affaires montréalais Michel Safar avait-il été informé de l'importation de 340 kilos de cocaïne dissimulée dans des carreaux de céramique et saisie en novembre 2009? C'est la question qui sera au coeur du procès de l'accusé de 51 ans qui s'est amorcé hier au palais de justice de Montréal.

Safar, un résidant de Pierrefonds propriétaire de la compagnie de céramique Importations Stoneco, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, est accusé de possession de cocaïne dans un but de trafic et d'avoir comploté avec d'autres individus, dont un certain Giuseppe Borselino.

La cocaïne a été découverte par les agents des services frontaliers le 9 novembre 2009 dans le port d'Halifax. Les enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada ont retiré la drogue et laissé filer la marchandise jusqu'à sa destination, la compagnie Planchers MM Futura de Dollard-des-Ormeaux, appartenant à un certain Domenico Tutino, que la police considère comme une partie à la conspiration, mais qui n'a pas été accusé dans cette affaire. Les carreaux qui devaient contenir la cocaïne ont ensuite été transportés par camion à l'entreprise de Michel Safar.

Incassables

À l'ouverture du procès, une agente des douanes a raconté comment la drogue a été trouvée. La cargaison arrivait du Venezuela et le bateau avait fait escale à Kingston en Jamaïque.  Dès son arrivée à Halifax, le conteneur a été jugé suspect et placé dans un hangar pour une inspection manuelle. Aussitôt que les douaniers ont ouvert les portes du conteneur, ils ont découvert huit palettes de caisses de carreaux, mais ont constaté que deux d'entre elles n'étaient pas emballées comme les autres.

Des boites de tuile de ces deux palettes ont alors été soumises aux rayons X. Alors que normalement, la céramique apparaît en vert dans l'appareil de détection, plusieurs tuiles sont apparues oranges. «On a laissé tomber un carreau au sol. Normalement, il se serait brisé, mais ce n'est pas ce qui s'est passé. Et des carreaux étaient deux fois plus lourds que d'autres», a expliqué la douanière Hillary Cassidy Garrisson.

Les carreaux suspects étaient recouverts d'une pellicule plastique. Les agents les ont ouverts et ont découvert la cocaïne.

Les tuiles suspectes étaient recouvertes d'une pellicule plastique. Les agents les ont ouvertes et découvert la cocaïne.

Des policiers fileurs de la GRC ont été les autres témoins de cette première journée. L'avocat de Safar, Me Pierre L'Écuyer, a insisté auprès d'eux pour savoir à quel moment le nom de son client est apparu dans l'enquête. La Couronne fédérale est représentée par Me Ninette Singoye et Me Philippe Viau-Dupuis. Le procès est présidé par la juge Geneviève Graton de la Cour du Québec.

Photo fournie par la police

Les tuiles fabriquées en Amérique du sud avaient toute l'apparence de vraies.

Photo fournie par la police

Les douaniers ont trouvé de la cocaïne dans 76 des 647 boites de tuiles.