Les informations que l'ancien policier Benoit Roberge aurait transmises aux Hells Angels lui auraient rapporté jusqu'à 500 000$, ont confié à La Presse des sources proches de toute cette retentissante affaire.

Selon nos informations, l'ex-enquêteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) aurait reçu entre 10 000 et 35 000$ pour chaque renseignement qu'il aurait donné, selon l'importance de chacun. Si Roberge a effectivement reçu jusqu'à un demi-million, cela pourrait vouloir dire qu'il a fourni plusieurs renseignements crédibles aux motards depuis janvier 2010, date à laquelle débutent les actes reprochés, selon l'acte de dénonciation.

Effets secondaires

Deux semaines après son arrestation, les corps de police, le bureau du Directeur des poursuites criminelles et pénales et le ministère de la Sécurité publique n'ont toujours pas mesuré tous les impacts de la volte-face de cet expert des motards. Des sources ont confié à La Presse que des enquêtes en cours sont gelées ou compromises, et que des enquêtes passées ont été contaminées par la trahison de l'ancien enquêteur. «L'affaire Davidson, ce n'est rien à côté de l'affaire Roberge», nous a-t-on dit.

Benoit Roberge a témoigné dans des enquêtes sur mise en liberté et rencontré des témoins-vedettes des superprocès SharQc. En vertu d'un arrêt de la Cour suprême qui oblige le ministère public à divulguer les inconduites des policiers, les avocats des 51 derniers Hells Angels accusés dans cette vaste rafle veulent maintenant obtenir toute la preuve entourant l'arrestation de l'ancien enquêteur.

Des complices?

Pendant ce temps, la Sûreté du Québec (SQ) poursuit son enquête pour déterminer si Benoit Roberge a agi seul. Des policiers de la SQ et du SPVM ont subi le test du polygraphe ou ont été rencontrés. D'autres le seront bientôt. Mais pour le moment, rien n'indique que Roberge aurait eu des complices au sein de la police. Au contraire, les policiers, surtout ses plus proches collègues, se sentent trahis.

Selon les informations qui ont filtré jusqu'à maintenant, Roberge aurait vendu des informations aux Hells Angels, dont le défunt Nomad René Charlebois. À la surprise générale, le motard s'est échappé du pénitencier à sécurité minimale de la Montée Saint-François, à Laval, au début du mois de septembre avant de se suicider dans un chalet de la région de Sorel 12 jours plus tard. Après sa mort, les policiers ont mis la main sur des conversations entre Charlebois et Roberge très compromettantes pour l'ex-policier. Selon la principale thèse des enquêteurs, pour une raison inconnue, Charlebois a voulu faire chanter Roberge et menacé ce dernier de révéler son double jeu. Pour tenter de s'en sortir, Roberge aurait fait courir le bruit en prison que Charlebois était devenu délateur. C'est parce qu'il aurait craint pour sa vie que le motard se serait évadé.

Photo Armand Trottier, Archives La Presse

Benoît Roberge

Chronologie des événements

14 septembre

Évasion du Hells Angel René Charlebois.

26 septembre

Suicide de René Charlebois.

5 octobre

Arrestation de Benoit Roberge.

7 octobre

Benoit Roberge est accusé de gangstérisme, abus de confiance, entrave et tentative d'entrave au profit d'un gang. Il est toujours détenu.

11 octobre

Il est congédié de son poste de responsable du renseignement à l'Agence du revenu du Québec.