En plus de manoeuvrer pour s'installer à l'hôtel plutôt qu'en prison, la police croit que l'ancien patron du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) Arthur Porter a voulu prendre la fuite en laissant sa conjointe derrière, lorsqu'il a senti le piège se refermer sur son couple au Panama, dans la nuit de dimanche à lundi dernier.

La Presse a rapporté hier comment le célèbre médecin à tenté d'utiliser ce qui semblait être un passeport diplomatique et l'immunité qui lui est rattachée pour échapper aux policiers panaméens venus l'arrêter à la demande de l'Unité permanente anticorruption du Québec (UPAC).

Or, de nouveaux détails obtenus hier de sources bien au fait du dossier au Panama et au Québec permettent de mieux comprendre ce qui s'est passé.

Arthur Porter et sa femme, Pamela Mattock, sont débarqués à l'aéroport Tocumen de Panama dimanche soir. Selon une déclaration écrite transmise à La Presse par la Police nationale du Panama, ils arrivaient de Nassau, aux Bahamas, où se trouve leur résidence principale depuis que Porter a quitté le Canada. Ils devaient passer une journée sur place avant de reprendre leur route vers Trinité-et-Tobago.

Tous deux faisaient l'objet d'une «alerte rouge» transmise par Interpol à la demande des policiers canadiens, qui souhaitent depuis plusieurs mois arrêter Porter pour fraude, complot, commission secrète et abus de confiance dans le dossier de la construction du CUSM.

Les policiers panaméens les ont donc immédiatement interceptés. Des photos prises par la police à son arrivée montrent Porter vêtu d'un complet blanc, sans la bouteille d'oxygène dont il disait avoir besoin pour respirer lorsque La Presse l'avait rencontré chez lui, en mars dernier.

Pamela Mattock à été envoyée en détention dès 23h40 dimanche, mais Porter, lui, aurait exigé d'être libéré en brandissant son passeport et son statut diplomatique spécial (il est proche du président de sa Sierra Leone natale et se disait consul honoraire de ce pays à Montréal).

Impressionnés, les policiers locaux l'ont laissé s'installer au chic hôtel Riu Plaza, un établissement cinq étoiles situé dans le quartier financier de la ville, à 20 kilomètres de l'aéroport, selon plusieurs agents joints au téléphone.

Plan avorté

Selon une source proche du dossier, Porter aurait alors poursuivi des démarches laissant croire qu'il voulait s'embarquer au plus vite sur un avion à destination de Trinité, malgré le fait que sa conjointe demeurerait détenue. Mais les policiers panaméens ont finalement changé d'attitude et sont revenus l'arrêter pour de bon à l'hôtel, à 14h30 lundi. Ils ont assuré hier qu'ils l'avaient tenu à l'oeil tout au long de son séjour.

Une porte-parole de la police nationale à confirmé à La Presse qu'Arthur Porter est maintenant enfermé sous bonne garde dans un centre de détention préventive. Une autre source officielle locale a assuré qu'ils seraient maintenus en cellule, à la disposition du ministère des Affaires étrangères du Panama, en prévision de leur extradition «le plus vite possible» vers Montréal.

Dans sa déclaration officielle, la police panaméenne dit avoir été informée par ses homologues québécois que Porter aurait reçu des pots-de-vin pour transmettre des «informations stratégiques» à des compagnies alors qu'il dirigeait le CUSM.

Quant à sa conjointe, elle serait accusée de blanchiment d'argent, car elle était dirigeante d'au moins une entreprise contrôlant un compte en banque où auraient transité les fruits des crimes du médecin.

On ignore pour l'instant combien de temps prendront les procédures d'extradition. Le couple aura le droit de contester la demande des autorités canadiennes devant les tribunaux du Panama s'il le souhaite.

-Avec la collaboration de Daphné Cameron