La Cour fédérale a rejeté mercredi la demande de suspendre le renvoi de la Mauritanienne Lalla Mohammed Ahmed, établie à Montréal depuis 2013 et qui doit être renvoyée jeudi soir dans son pays d'origine, même si son fils de trois ans est citoyen canadien.

«Cette décision est une violation claire du droit international et de la Charte des droits et libertés» proteste son avocate Myriam Roy L'Écuyer, qui s'est dite bouleversée par ce dénouement. La jeune femme avait fui son pays natal à la suite d'un mariage non autorisé par la famille. Selon son avocate, la mère et l'enfant risquent d'être mis au ban de la société à leur retour au pays.

Seule une intervention du ministre fédéral de l'Immigration Ahmed Hussen ou de celui de la Sécurité publique et de la Protection civile, Ralph Goodale, pourrait encore empêcher le départ de la jeune femme et de son bambin de moins de 3 ans, Choumad Cheikh, qui est né au Canada et possède la citoyenneté canadienne. Lalla Mohammed Ahmed parle très bien français et travaille dans un restaurant du centre-ville.

Le juge Peter Annis de la Cour fédérale a jugé que Lalla Mohammed Ahmed n'avait pas établi qu'elle souffrirait d'un «préjudice irréparable» en étant renvoyée en Mauritanie. Le juge rappelle dans sa décision que la Section de la protection des réfugiés (SPR) avait déterminé en 2014 qu'elle ne courait aucun risque à sa vie et à sa sécurité.

«La SPR a conclu que [Mme Ahmed] manquait de crédibilité et plusieurs incohérences additionnelles furent notées dans la décision sur la demande pour considérations humanitaires, y compris une contradiction entre son récit antérieur et son nouveau récit», soulève le juge.  

Me Roy L'Écuyer demandait à la Cour fédérale un sursis à l'exécution de la mesure de renvoi jusqu'à ce qu'une décision soit prise sur une demande d'appel d'une décision de novembre dernier rejetant la demande de résidence permanente pour considérations humanitaires de Lalla Mohammed Ahmed.

Selon les proches de la Montréalaise d'adoption, Lalla Mohammed Ahmed et son fils seront traités comme des parias à leur retour en Mauritanie, puisque celle-ci s'est mariée en secret avec un descendant d'esclaves d'une autre tribu en 2013. De plus, l'enfant de trois ans serait considéré comme un «bâtard» et un «étranger» en Mauritanie et risquerait même la mort.   

«Si elle retourne là-bas, elle ramènera un bâtard, quelque chose de mauvais. C'est sûr qu'un oncle ou un cousin va la tuer. Je suis choquée qu'on veuille la déporter. Elle demande juste à vivre en paix avec son enfant», avait déclaré à La Presse Fatima Milt Sabar, une amie de Lalla Mohammed Ahmed.