Le Service de police de Laval (SPL) a été sollicité pour participer à l'équipe mixte d'enquête constituée pour faire la lumière sur la crise au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Le directeur du SPL, Pierre Brochet, a toutefois décliné l'offre afin d'éviter toute situation de conflit d'intérêts.

En entrevue avec La Presse hier, Pierre Brochet a tenu à corriger l'information circulant à l'égard de son organisation. Il a fait le point sur l'épineux dossier qui secoue le SPVM depuis plus d'une semaine à la suite d'allégations de fabrication de preuves au sein du service d'enquêtes internes.

Ainsi, une heure avant que le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux n'annonce les mesures qu'il mettait de l'avant, vendredi dernier, M. Brochet a reçu un appel. « La sous-ministre a communiqué avec moi et m'a demandé de contribuer à l'équipe qui était formée en fournissant un enquêteur. Après réflexion et parce que je devais faire preuve de la plus grande transparence, d'intégrité et de rigueur, j'ai décidé de ne pas participer », a affirmé M. Brochet.

Ce dernier était directeur adjoint aux opérations entre 2010 et 2013 au SPVM, aux côtés du directeur de l'époque, Marc Parent. L'actuel directeur adjoint de M. Brochet, Michel Guillemette, était pour sa part responsable des enquêtes internes au SPVM.

« UNE SITUATION QUI M'APPARAISSAIT DIFFICILE »

« Je voyais très mal mettre un de mes enquêteurs dans une situation qui m'apparaissait difficile, c'est-à-dire faire la lumière sur des dossiers dont le gestionnaire à l'époque était Michel Guillemette, et qui aujourd'hui est son supérieur », a expliqué M. Brochet

Par ailleurs, M. Brochet a bon espoir de voir le problème du SPVM se régler, soulignant que ce sera « positif pour [lui] et Michel Guillemette ». La déclaration sous serment des deux confrères a mené à la suspension, en 2013, des deux policiers, Giovanni Di Feo et Jimmy Cacchione, qui ont dénoncé de présumées pratiques illégales aux enquêtes internes à l'émission J.E.

MM. Di Feo et Cacchione faisaient partie d'un des deux clans qui s'opposaient depuis plusieurs années au sein du SPVM. En réaction, Pierre Brochet a soutenu qu'il n'y avait aucune guerre de clans au sein de la police de Laval.

« C'est un contexte totalement différent. À Laval, c'est une organisation beaucoup plus petite. Et je ne tolérerais pas ça du tout. On n'est pas ici pour travailler avec des clans et être en compétition ; on travaille en équipe. C'est une valeur fondamentale que j'ai : tout le monde dans la même direction », a insisté Pierre Brochet avant d'ajouter qu'au SPVM, « on ne tolérait pas la guerre des clans. On était confrontés à cette situation ».

COUILLARD N'EXCLUT PAS LA TUTELLE

Philippe Couillard a refusé d'exclure la possibilité de mettre en tutelle le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) hier en entrevue à LCN. « On n'écarte pas cette possibilité. [...] Mais la première étape, c'est de faire une enquête approfondie, fouillée, indépendante. Après avoir reçu les conclusions, on verra s'il y a d'autres actions qui sont nécessaires », a-t-il dit. Malgré les récents évènements, le premier ministre continue de faire confiance au chef du SPVM Philippe Pichet. « Actuellement, rien ne m'indique - et [le ministre Martin] Coiteux m'en parle régulièrement - qu'il faille lui retirer notre confiance », a-t-il déclaré, à LCN. - Louis-Samuel Perron, La Presse