Ray Kahno, un importateur de cocaïne arrêté lors de l'importante rafle antimafia Colisée, a vu sa libération conditionnelle être suspendue pour une deuxième fois, en octobre dernier. Dans une décision rendue la semaine dernière, la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) a accepté de le remettre en liberté mais dans un mois seulement, pour qu'il poursuive sa réflexion.

La libération de Kahno a été suspendue le 18 octobre pour un manquement à ses conditions. Ce jour-là, il se trouvait en compagnie d'un autre individu à bord de sa voiture lorsque les policiers l'ont intercepté car son passager ne portait pas sa ceinture de sécurité.

Lorsque les patrouilleurs ont enquêté le passager, ils se sont rendu compte qu'il s'agissait d'un « individu ayant un important passé de trafic/importation de stupéfiants et qu'il était relié au crime organisé ». De plus, l'homme avait sur lui trois téléphones cellulaires, 2500 $ en argent et une liste d'adresses sans nom. Les policiers ont également trouvé un autre téléphone dans le coffre de la voiture de Kahno.

Trois versions

Ce dernier a donné trois versions différentes pour expliquer la situation.

Après avoir été intercepté, il a appelé son équipe de libération et raconté que le passager était un inconnu, qu'il avait accepté de conduire quelque part, comme un bon samaritain. Mais l'individu a dit aux policiers connaître Kahno et ce dernier a ensuite admis qu'il connaissait le passager et qu'il s'était rendu le chercher dans le but d'acheter une voiture avec lui. Puis, durant une entrevue avec les commissaires après la suspension de sa libération, Kahno a dit avoir rencontré l'homme par hasard et rejeté les prétentions de la police voulant que la rencontre des deux hommes était planifiée.

L'agent de libération de Kahno craint que ce dernier ait des occupations inconnues des services correctionnels depuis sa libération et recommandait la révocation de celle-ci. Mais la Commission des libérations conditionnelles dit n'avoir aucune preuve que la rencontre entre les deux hommes était prévue et que Kahno a repris ses activités criminelles. Elle juge que la réincarcération a eu un effet dissuasif et annule la suspension de sa libération, mais seulement dans 30 jours parce que Kahno a déjà eu un premier avertissement après une autre suspension en octobre 2015.

Chefs d'orchestre

Durant l'enquête Colisée, Ray Kahno et son associé Giuseppe Torre étaient les chefs d'orchestre des importations de cocaïne de la mafia montréalaise effectuées par l'aéroport Montréal-Trudeau. Ce sont eux notamment qui avaient corrompu la douanière Marylin Béliveau.

Kahno s'était retrouvé dans l'eau chaude lorsque les chefs de la mafia montréalaise basés au Club social Consenza s'étaient rendu compte que 100 kg de cocaïne avaient été importés à leur insu à la suite d'une saisie de 218 kilos effectuée à l'aéroport Trudeau par les enquêteurs de la cellule 8002 de Colisée en janvier 2005.

Dans les mois suivants, les mêmes enquêteurs avaient, pour étoffer leur preuve, volé 3 millions de dollars chez l'un de ses proches et camouflé le délit en introduction avec effraction. Cette opération avait provoqué la colère de Kahno, qui avait soupçonné un membre de la famille.

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Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou à l'adresse postale de La Presse.

Ray Kahno

40 ans

Parle français, anglais et créole

Arrêté dans la rafle antimafia Colisée le 22 novembre 2006

Accusé d'importation, trafic de cocaïne et gangstérisme

Condamné à huit ans et deux mois de pénitencier en 2009

Libéré d'office en mars 2015

Sa sentence prendra fin en décembre prochain