Furieux que les négociations piétinent, les juristes de l'État préparent une «action légale» contre le gouvernement.

Malgré une rencontre «positive» avec le président du Conseil du trésor Pierre Moreau le 31 janvier, les cinq jours de négociation qui ont suivi n'ont rien donné, a déploré le président de l'association Les avocats et notaires de l'État québécois (LANEQ), Jean Denis, jeudi.

«Le ministre me dit que ça va bien aller, mais quand on va en négociation, on s'aperçoit qu'ils ne bougent pas d'un iota. Je pense que le ministre n'a pas beaucoup d'aval sur le Conseil du trésor, et ils sont en train de l'avoir comme ils ont eu M. Leitao. Je me demande qui décide: M. Moreau ou ses fonctionnaires ?»

Selon lui, «le mépris» du gouvernement «s'accentue». «On veut nous épuiser, nous faire mettre à genoux (...). On continue de se faire insulter», a affirmé M. Denis. Les juristes sont en grève depuis bientôt 16 semaines.

Jean Denis fait maintenant planer la menace d'un recours juridique, «action légale», contre le gouvernement. Il est en préparation depuis un moment selon lui. Il n'a pas voulu dévoiler son jeu tout de suite, plaidant qu'il doit obtenir l'accord du bureau de direction de LANEQ avant de procéder.

«Dans les prochains jours, si ça ne bouge pas, vous allez voir ce qu'on entend faire... C'est du sérieux, je vous le promets. (...) On verra ce que le gouvernement fera par rapport à ça. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il aura à se défendre.»

Québec n'a pas bonifié son offre salariale selon LANEQ. Les négociateurs du gouvernement veulent d'abord régler cet enjeu avant de discuter de la création d'un groupe de travail visant à juger de la pertinence de la demande principale de LANEQ : la création d'un comité indépendant visant à fixer les conditions de travail des juristes, comme c'est le cas pour les procureurs de la Couronne. Selon LANEQ, Pierre Moreau s'était engagé à ce que la décision majoritaire, et non unanime, de ce groupe de travail - formé d'un représentant nommé par le gouvernement, d'un autre de LANEQ et d'un juge à titre de président - soit exécutoire et rendu dans un délai de six mois. «Cette façon de procéder nous a plu», mais elle n'a jamais été discutée à la table de négociation, a indiqué Jean Denis.