La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) a annoncé hier le déclenchement d'une vaste enquête sur des problèmes « préoccupants » dans le traitement des enfants par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) Mauricie-Centre-du-Québec.

L'annonce survient trois semaines après que La Presse a relaté les critiques acerbes d'une juge envers les services locaux de protection de la jeunesse, qui auraient « complètement et totalement » abandonné deux frères au sein d'une famille d'accueil « toxique » en toute connaissance de cause. La DPJ a ainsi «  toléré l'intolérable  », a écrit la juge Marie-Josée Ménard.

En comptant celui-ci, des cas de « services déficients » ont été découverts dans 19 situations impliquant 38 enfants depuis janvier 2013 pour cette DPJ, selon le communiqué de la CDPDJ.

« Le processus d'évaluation et d'accréditation des familles d'accueil, les procédures de déplacement des enfants, l'application inégale des critères de décisions des responsables [de la DPJ] lorsqu'ils sont informés de manquements et les suivis effectués par la DPJ semblent préoccupants », a indiqué par communiqué Camil Picard, président par intérim de la CDPDJ.

Au cours des quatre dernières années, « la Commission a reçu 122 demandes d'intervention dont 67 concernant des enfants placés en famille d'accueil sur le territoire de la DPJ Mauricie-Centre-du-Québec ».

Les autorités de la santé locales, qui chapeautent la DPJ, ont dit prendre au sérieux le déclenchement de l'enquête.

« Nous présenterons ce que nous avons déjà mis en place à la CDPDJ et toute nouvelle amélioration pouvant être bénéfique au mieux-être des enfants sera apportée », a indiqué Lyne Girard, directrice adjointe au Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-Centre-du Québec. La DPJ « ajustera ses pratiques » dans la foulée de cette enquête, ajoutait le communiqué.

UN « GÂCHIS »

Les partis de l'opposition à Québec réclamaient que la décision de la juge Ménard soit suivie d'actions concrètes pour faire la lumière sur le comportement de la protection de la jeunesse dans ce dossier.

Ils s'étaient dits choqués à la lecture du jugement. Le magistrat y dénonçait un « gâchis » : humiliation publique par le père d'accueil, dénigrement par la mère d'accueil, bris de jouets en guise de méthode pédagogique et prise des repas à l'écart du reste de la famille.

Gina Landry, directrice de la protection de la jeunesse, avait ensuite indiqué qu'aucune sanction ne guettait les employés impliqués dans ce dossier. « J'ai la certitude que toutes les personnes qui ont gravité autour de la situation étaient de bonne foi et je sais que tous ces gens sont ébranlés », avait-elle affirmé.

La semaine dernière, La Presse a révélé que la famille d'accueil au centre de cette affaire avait pu ouvrir une garderie en milieu familial après le départ des deux garçons.