Comme l'annonçait La Presse, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a déposé ce matin un arrêt des procédures dans le dossier de Luigi Coretti, ancien président de la défunte firme de sécurité BCIA accusé de fraude et de fabrication de faux en 2012.

Il y a quelques semaines, M. Coretti avait présenté une requête en arrêt des procédures en vertu de la récente décision de la Cour suprême du Canada (Arrêt Jordan) qui a fixé une limite à la durée des causes devant les tribunaux, pour mettre fin aux délais déraisonnables.

«Tel qu'annoncé, le DPCP a déposé un nolle prosequi en vertu de l'article 579 du Code criminel», a simplement annoncé, sans donner de raison, le procureur de la Couronne, Me Guy Marengère, à la juge France Charbonneau, de la Cour Supérieure. La magistrate a répondu que dans de tels cas, elle n'avait d'autre choix que d'accepter et qu'elle «n'avait rien à dire».

«La Cour Suprême a fixé de nouvelles règles. Le DPCP évalue actuellement ses dossiers et les priorise. Cette démarche est faite de façon sérieuse et rigoureuse. Nos efforts sont déployés dans les dossiers de crimes contre la personne, telles les agressions sexuelles ou autres. Dans ce cas-ci, il y a eu des délais institutionnels. Après étude, nous considérons que la décision était appropriée», a expliqué le porte-parole du DPCP, Me Jean-Pascal Boucher.

À sa sortie de la salle d'audience, le principal intéressé, Luigi Coretti, n'a pas voulu répondre aux questions des journalistes qui l'interpellaient.

«M. Coretti n'a plus aucune accusation contre lui. Cela met fin à des années de stress et d'angoisse. C'est une excellente nouvelle pour lui», a déclaré son avocate, Me Nellie Benoit qui, incidemment, est la même avocate, avec Me Anne-Marie Lanctôt, qui a obtenu l'arrêt des procédures contre l'influent Hells Angels, Salvatore Cazzetta, dans une affaire de contrebande de cigarettes, il y a quelques semaines, à Longueuil.

Une longue saga

Cet arrêt des procédures met fin à une saga judiciaire de plus de quatre ans, sans compter toutes les controverses impliquant la firme BCIA qui ont fait les manchettes à compter de 2010. Coretti, 51 ans, était accusé d'avoir surévalué les comptes de certains de ses clients de façon à obtenir du financement auprès d'institutions financières et par le biais de programmes, alors que sa firme, qui a fait faillite en 2010, battait de l'aile.

En 2010, La Presse avait publié plusieurs articles sur BCIA, révélant notamment des avantages ou des liens envers et avec des personnalités de la politique québécoise et municipale, et du financement de partis politiques.

Luigi Coretti avait également été accusé dans une affaire de harcèlement envers une ancienne conjointe à Saint-Jérôme. Il s'en était tiré avec une obligation de garder la paix, une absolution inconditionnelle et une obligation de verser un don de 2000$ au Centre d'aide aux victimes d'actes criminels.

Ce matin, le 98,5 FM a révélé que jusqu'à maintenant, 153 requêtes en arrêt des procédures ont été déposées dans les dossiers du DPCP depuis que la Cour Suprême a rendu l'Arrêt Jordan en juillet dernier. Très peu d'entre elles ont été accueillies par un juge.

«Est-ce que le DPCP peut garantir qu'à partir de maintenant tous les procès seront menés à terme ?», a demandé Pierre St-Arnaud de La Presse canadienne au porte-parole de l'organisme. «Le DPCP travaille pour que tous les procès commencent et finissent», a répondu Me Jean-Pascal Boucher.

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