Après avoir quitté La facture dans des circonstances nébuleuses, Pierre Craig entame sa vie post-télévision en s'attaquant au problème que sa propre émission tentait de pallier : le manque d'accès à la justice pour la classe moyenne québécoise.

Le journaliste, un « homme en colère » devant des palais de justice « à deux vitesses », a pris la tête de la campagne de financement de Juripop. Et en profite pour passer un message aux avocats : leur modèle de rémunération de l'industrie doit changer.

« Pour avoir un procès dont la durée peut varier entre deux jours et sept jours, ça va coûter entre six mois et quatre ans et demi de salaire », a-t-il dénoncé en entrevue, hier. « Personne n'en a les moyens. »

Au cours de ses 13 ans à la barre de l'émission de consommation et d'enquête La facture, M. Craig affirme avoir vu à répétition des entreprises refuser de négocier de bonne foi avec des consommateurs floués, pariant sur l'inaccessibilité de la justice pour épuiser les citoyens sans ressources.

« C'est dangereux de ne pas avoir un accès à la justice, a dit Pierre Craig. Parce qu'à un moment donné, il va y avoir quelque chose qui va se passer. »

LE CHARME DE JURIPOP

M. Craig dit avoir été charmé par les projets de Juripop. « C'est une oasis » dans « le désert de l'accès à la justice », a-t-il dit.

Même si l'organisme - qui offre notamment des services d'avocat à prix abordable - ne constitue par une solution absolue aux problèmes du système, « il pointe du doigt le problème », se réjouit le journaliste.

Juripop veut récolter 30 000 $ au cours des 30 prochains jours. L'organisme assure qu'avec cette somme, il pourra assurer 700 consultations juridiques gratuites dans le métro, ou encore prendre en charge 90 dossiers de pensions alimentaires contestées.

« Les gens que l'on aide sont de plus en plus des travailleurs qui ont un revenu, mais qui ne sont pas en mesure de se payer un avocat en pratique privée », a affirmé Marc-Antoine Cloutier, président de l'organisme.

Par contre, rien ne sert de poursuivre Pierre Craig pour le faire parler : il garde le silence sur les circonstances de son départ de Radio-Canada, après avoir évoqué une mystérieuse « question de principe ».

« Ce n'est pas facile de partir comme ça : il y a de l'ambiance, de l'anxiété », a-t-il dit. « Ça ne me tente pas de faire ça sur la place publique, pour mon bien-être à moi. Il n'y a pas de secret, il n'y a pas de grosse histoire. Je commence à prendre du recul et je me sens hyper bien. »