L'Unité permanente anticorruption (UPAC) a procédé à une perquisition à l'Ordre des ingénieurs du Québec la semaine dernière, a appris La Presse.

Selon les informations recueillies de sources distinctes, les enquêteurs de l'UPAC qui se sont présentés, le mardi 19 janvier, aux bureaux de l'Ordre des ingénieurs (OIQ), à Montréal, avec un mandat de perquisition à la main, voulaient obtenir des documents détenus par le Bureau du syndic de l'OIQ.

C'est le Syndic qui reçoit les plaintes contre les ingénieurs et qui ouvre les enquêtes, par exemple, pour négligence, manquement déontologique ou toute infraction à la Loi sur les ingénieurs. Seuls les ingénieurs sont visés ; l'OIQ n'a aucune autorité sur les firmes de génie.

Une des enquêtes menées par le Bureau du syndic était la cible de l'UPAC, qui est repartie avec les informations nécessaires à sa propre enquête.

STRATAGÈMES EXPOSÉS LORS DE LA COMMISSION CHARBONNEAU

L'OIQ a confirmé la visite de l'UPAC mais a toutefois refusé d'indiquer le ou les ingénieurs visés par l'enquête puisque les dossiers sont traités de façon confidentielle. « Cette information devient publique seulement lorsque, après enquête, une plainte est déposée au Conseil de discipline », a rappelé hier le directeur des communications de l'OIQ, Patrick Leblanc.

Il est toutefois vraisemblable que l'enquête de l'UPAC concerne l'un des nombreux stratagèmes impliquant des firmes de génie, exposés lors des travaux de la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction.

« Afin que les personnes qui ont été impliquées dans les stratagèmes révélés par la commission Charbonneau reçoivent les sanctions qui s'imposent de la part de tous les organismes de surveillance concernés, le Bureau du syndic entend continuer de collaborer avec l'UPAC dans les limites permises par les lois en vigueur », a précisé M. Leblanc.

Depuis quelques années, le nombre de plaintes déposées au Bureau du syndic de l'OIQ est en croissance. En 2014-2015, le tiers des enquêtes menées ont été amorcées par le Bureau du syndic à la suite d'information provenant des médias et des audiences de la commission Charbonneau.

Dans son dernier rapport annuel, l'OIQ souligne que le Bureau du syndic a décidé de prioriser les dossiers de corruption, de collusion et de contributions politiques. « Ce type de dossier représente actuellement 57 % des dossiers d'enquête en cours au Bureau du syndic », peut-on lire.

L'UPAC n'a émis aucun commentaire.