L'ex-joueur vedette du Canadien de Montréal Guy Lafleur, qui avait intenté une poursuite civile de 2,16 millions contre une policière, la Ville de Montréal, une procureure de la Couronne et le Procureur général du Québec, a été débouté par la Cour supérieure.

Il prétendait avoir été injustement arrêté et accusé en 2008 pour avoir supposément offert des témoignages contradictoires dans la cause criminelle de son fil Mark - accusé entre autres d'agression sexuelle à l'endroit de son ancienne amie de coeur - afin que celui-ci puisse être remis en liberté.

Condamné par la Cour supérieure, celui qui était surnommé le Démon blond avait ensuite été acquitté par la Cour d'appel en 2010, pour ensuite intenter une poursuite civile en raison des dommages qu'il estimait avoir subis.

M. Lafleur affirmait que son arrestation et son accusation lui ont fait perdre des contrats et réclamait également des dommages moraux pour l'angoisse qu'il dit avoir subie et l'atteinte à sa réputation.

«Cette affaire illustre le principe juridique voulant qu'un acquittement au criminel n'emporte pas automatiquement la responsabilité civile de la Couronne ou de la police», écrit le juge André Wery dans un long jugement de 109 pages rendu mercredi.

Il estime également qu'il existait des motifs raisonnables pour déposer des accusations de témoignages contradictoires à l'endroit de l'ex-numéro 10 du Tricolore.

Lorsqu'il avait été acquitté, M. Lafleur avait laissé entendre que cette saga judiciaire le visant était un «trip de femmes». Les personnes impliquées dans la poursuite criminelle contre lui étaient surtout des femmes, des policières et des procureures de la Couronne.

Dans son jugement, le juge Wery souligne que la «théorie du complot» avancée par M. Lafleur ne s'appuie sur «aucun fait», mais sur des «spéculations», des «impressions», des «conjectures», des «préjugés» et des «procès d'intention» à l'égard de personnes qui n'ont fait que leur devoir.

«Le tribunal estime donc que le demandeur a fait des allégations à l'emporte-pièce contre les défenderesses sur la foi de simples impressions et, dans le cas de son allégation de dissimulation de preuve, sur la base de faits carrément faux», souligne-t-il.

Le juge ajoute qu'il aurait été facile pour les personnes impliquées de tout simplement «fermer les yeux», mais qu'elles ont cru qu'il ne fallait pas faire de passe-droit en raison de la notoriété de M. Lafleur.

Il estime que les défenderesses ne méritaient pas d'être attaquées par M. Lafleur «pour avoir fait ce qu'elles croyaient être sincèrement leur devoir».

Pendant son témoignage dans le cadre de sa poursuite civile, l'ancien hockeyeur avait dit avoir vécu un enfer pendant ses démêlés avec la justice, ce qui avait affecté sa famille, dont sa femme, qui avait même perdu la voix et était demeurée alitée de nombreux mois.

En ce qui a trait aux préjudices financiers allégués par M. Lafleur, le juge de la Cour supérieure estime que la preuve «laisse beaucoup à désirer».

«Plutôt que de faire venir à la barre des témoins, ceux qui, selon lui, auraient mis fin à leurs relations contractuelles avec lui en raison de ces accusations, on s'est contenté de souligner la différence de revenus entre les années précédant les accusations et les revenus pour les années suivantes jusqu'à son acquittement», est-il écrit.

Le juge Wery estime ainsi qu'il est n'est pas possible de conclure que la diminution de revenus évoquée par l'ancien joueur du Canadien découle directement de l'arrestation et des accusations déposées à son endroit.

Guy Lafleur a 30 jours afin de décider s'il interjette appel du jugement. Contacté par La Presse Canadienne, son avocat, Jacques Jeansonne, n'a pas voulu commenter la décision de la Cour supérieure.