Une magistrate de l'Alberta a allégé encore un peu plus, vendredi, les conditions de remise en liberté d'Omar Khadr, lui permettant notamment de visiter sa famille en Ontario et de retirer son bracelet électronique. Mais une certaine confusion demeure quant à la possibilité pour M. Khadr de prendre l'avion pour se rendre à Toronto.

La juge June Ross a autorisé l'ancien détenu de la prison de Guantanamo à visiter ses grands-parents dans la métropole canadienne. Des séjours qui ne devront pas excéder deux semaines et qui devront obligatoirement être effectués en compagnie de son avocat Dennis Edney, a-t-elle précisé.

«Il n'y a aucune raison qui justifie qu'il ne puisse pas visiter sa famille», a tranché la juge Ross, en soulignant que la grand-mère d'Omar Khadr est malade.

Un autre avocat de M. Khadr, Nathan Whitling, a indiqué par la suite qu'il tentait de déterminer si son client figurait sur la liste d'interdiction de vol du Canada. S'il ne peut prendre l'avion pour traverser quatre provinces, il pourrait renoncer à son voyage, a-t-il dit.

«Nous ne sommes pas sûrs à 100 pour cent pour le moment», a déclaré Me Whitling vendredi, après que la juge eut rendu sa décision.

Un porte-parole du ministère de la Sécurité publique du Canada a indiqué qu'il ne pouvait révéler le nom des personnes figurant sur la liste d'interdiction de vol.

Le Programme de protection des passagers fournit aux transporteurs aériens une liste de personnes considérées comme une menace pour l'aviation civile. Les noms sont soumis par un comité consultatif formé de membres de la Gendarmerie royale du Canada, du Service canadien du renseignement de sécurité, de l'Agence des services frontaliers du Canada et des ministères des Transports et de la Justice. Le ministère de la Sécurité publique a le dernier mot sur les noms figurant sur la liste.

Les groupes opposés à la nouvelle loi antiterroriste du gouvernement Harper, qui a notamment pour effet d'élargir les pouvoirs du gouvernement concernant la liste d'interdiction de vol, font valoir que des personnes sont placées sur la liste sans égard pour l'application régulière de la loi et qu'il est très difficile de faire retirer un nom.

Le ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, a plusieurs fois qualifié M. Khadr de terroriste endurci qui devrait purger l'entièreté de sa peine derrière les barreaux.

La juge Ross a également levé des restrictions qui imposaient à Omar Khadr de parler uniquement en anglais aux membres de sa famille, des conversations qui devaient se dérouler sous supervision. Cette condition ne s'applique désormais plus qu'à deux membres de sa famille, sa mère et l'une de ses soeurs, qui ont déjà défendu des idées extrémistes. Les deux femmes seraient présentement à l'extérieur du pays.

La magistrate a spécifié qu'il était important que certaines restrictions demeurent afin de s'assurer que l'ancien prisonnier n'ait pas de liens avec des terroristes. Elle a ajouté que M. Khadr avait respecté toutes les conditions de sa remise en liberté depuis qu'il est sorti de prison il y a quatre mois. La libération progressive est «le meilleur moyen de s'assurer que M. Khadr ne représente pas de danger pour le public», a-t-elle expliqué.

La cour a aussi permis à M. Khadr de retirer son bracelet électronique qui, selon lui, le gênait pour certaines activités comme le vélo, la natation et le soccer.

En plus, la juge a permis qu'un logiciel de contrôle installé sur l'ordinateur portable de M. Khadr soit retiré, puisqu'il nuisait au bon fonctionnement du portable et qu'on n'avait pu fournir le soutien technique nécessaire pour le rendre fonctionnel.

Mme Ross a estimé que d'autres méthodes de surveillance informatique pouvaient être utilisées. Elle a notamment demandé à M. Khadr de permettre l'accès à son ordinateur et de livrer tous ses mots de passe à son agent de probation.

«Je suis content», a déclaré Omar Khadr en quittant la salle d'audience. Il a toutefois refusé de répondre aux questions des journalistes.

Omar Khadr, qui est né à Toronto, était âgé de 15 ans lorsqu'il a été arrêté après un échange de coups de feu en Afghanistan, en 2002. Il est devenu le plus jeune prisonnier incarcéré à Guantanamo.

Il a plaidé coupable aux États-Unis en 2010 à plusieurs accusations de crimes de guerre, incluant une accusation de meurtre contre un soldat américain, ce qui lui a valu une peine d'emprisonnement de huit années supplémentaires. Il a toutefois été transféré au Canada en 2012.

M. Khadr a plus tard déclaré qu'il avait plaidé coupable seulement pour pouvoir sortir de la prison de Guantanamo, où il était le seul Occidental à être toujours détenu.

M. Khadr a été libéré sous caution en mai en attendant que son appel concernant sa condamnation soit entendu aux États-Unis.

La semaine dernière, le tribunal a assoupli son couvre-feu pour lui permettre d'assister à la prière du matin et de suivre des cours de soir pour devenir technicien en urgence médicale.

La juge a précisé que M. Khadr devait continuer à vivre chez son avocat, mais qu'il pouvait séjourner chez des amis en Alberta si son agent de probation le lui permettait.

Le gouvernement fédéral a porté en appel la décision ayant permis la libération sous caution d'Omar Khadr. La cause n'a pas encore été entendue par la Cour d'appel de l'Alberta.