Deux firmes de génie éclaboussées dans le cadre de la commission Charbonneau sont de nouveau dans l'embarras. Le ministère des Transports du Québec (MTQ) réclame 1 million aux entreprises Dessau et Genivar, qu'il tient responsables de plusieurs erreurs dans le cadre des travaux de reconstruction d'un pont en 2012.

Dans une poursuite déposée hier au palais de justice de Montréal, que La Presse a obtenue, le MTQ accuse Dessau et Genivar, cette dernière aujourd'hui connue sous le nom de WSP Canada, d'avoir fourni une étude géotechnique contenant des «lacunes importantes» et d'avoir basé la conception du nouveau pont sur des calculs «erronés».

Les deux firmes ont reçu le mandat de mener une étude de sols dans le secteur de la route 109, dans la région de la Baie-James, de la part du gouvernement en 2011 en prévision de la reconstruction d'un pont. Le consortium devait par la suite fournir les plans et devis du projet et déterminer le type de structure qui constituerait le pont.

Complications

Des complications sont survenues dès le début des travaux, en 2012. Selon le MTQ, l'installation du premier pieu a tourné au fiasco et révélé des «déficiences graves» sur le plan de l'évaluation du type de sol et des calculs effectués par le consortium. Le chantier aurait été paralysé durant deux semaines et aurait nécessité des travaux supplémentaires; le MTQ aurait été forcé de faire évaluer par un expert le travail des firmes qu'elle avait embauchées. Québec estime à 915 185$ les coûts additionnels.

La réputation des firmes Dessau et Genivar a été entachée dans le cadre de la commission Charbonneau, chargée d'enquêter sur la corruption et la collusion dans le monde de la construction. Il a été révélé que Dessau a versé 2 millions en dons illégaux aux partis politiques grâce à un système de fausse facturation orchestré par le président démissionnaire de l'entreprise, Jean-Pierre Sauriol, et son frère Rosaire. Les deux frères ont depuis quitté l'entreprise.

Du côté de Genivar, un ex-vice-président a notamment avoué que la firme faisait des affaires avec des sociétés bidon afin de payer les ristournes à l'ancien argentier du parti Union Montréal, Bernard Trépanier.

Genivar a acheté en 2012 la firme d'ingénierie britannique WSP et a abandonné son nom québécois pour adopter celui de sa nouvelle acquisition. En 2013, Genivar a resserré son code de conduite et nommé un responsable de l'éthique.