Des Autochtones qui ont été adoptés enfants par des familles de Blancs durant ce qui a été appelé la rafle des années 60, poursuivent le gouvernement fédéral pour la perte de leur culture et le traumatisme psychologique qu'ils ont subi.

Près de 1200 enfants adoptés en Saskatchewan ont intenté une action collective, demandant une compensation pour le «génocide culturel» dont ils ont été l'objet.

À partir des années 60 et jusque dans les années 80, des milliers d'enfants autochtones ont été retirés de leurs maisons par les services d'aide à l'enfance du Canada et ont été placés auprès de familles non autochtones, certaines se trouvant même aux États-Unis.

Plusieurs considèrent ces adoptions comme une extension des écoles résidentielles, qui tentaient de «sortir l'Indien de l'enfant».

David Chartrand, qui s'est joint au recours collectif, a été enlevé à sa famille au Manitoba à l'âge de cinq ans et envoyé au Minnesota.

«Ils voulaient des femmes de chambre, des majordomes. Ils voulaient l'esclavage et le faire légalement. On tombait à point», a déclaré l'homme métis de 52 ans. «J'ai dû nettoyer leur maison, être leur esclave, être leur punching-bag».

M. Chartrand dit que le Canada avait le devoir de le protéger, tout comme les autres enfants.

Bien qu'il soit retourné dans sa communauté de Camperville, au Manitoba, dans sa vingtaine, il a tout perdu, dit-il.

«J'ai perdu ma vie, mon enfance», dit-il. «On veut mettre tout cela derrière nous pour pouvoir aller de l'avant».

L'action, qui a été intentée le mois dernier, réclame des dommages non spécifiés pour une foule de choses dont la perte d'identité et les agressions physiques et culturelles subies.

L'avocat Tony Merchant a dit que plusieurs de ces enfants ne vivaient pas dans des maisons dangereuses mais avaient été retirés à leur famille dans le cadre d'efforts concertés pour assimiler les Autochtones.

«Il s'agissait d'un plan visant à prendre des bébés rouges et de tenter d'en faire des adultes blancs».

Ayant été élevés par une famille de Blancs, sans appartenance culturelle, de nombreux survivants se sont démenés pour retrouver leurs racines», a dit M. Merchant.

Ceux qui ont fait partie de la rafle des années 60 ont demandé des excuses formelles à Ottawa.

Alors que les Autochtones envoyés dans des écoles résidentielles ont reçu des telles excuses officielles et ont pu participer à la commission-vérité et réconciliation, les enfants des rafles n'ont pas été reconnus formellement.

D'autres poursuites ont été entreprises au nom des adoptés. Une action collective intentée par des survivants en Ontario en 2009 est toujours active devant les tribunaux.

Mais M. Chartrand s'inquiète que la fin de ces procédures viendra trop tard pour beaucoup d'entre eux, qui sont âgés et souffrent de problèmes de santé. Pour ceux qui ont abouti en prison ou qui se sont enlevés la vie, il est déjà trop tard.

«Comme Indien, vous avez un esprit. Cet esprit doit pouvoir revenir à la maison. Tout cela n'est pas pour l'argent. C'est pour ces enfants qui sont morts là-bas».