Près d'un an après la mort d'Alain Magloire, un homme qui souffrait de problèmes mentaux et qui est mort lors d'une intervention policière, l'enquête publique chargée de faire la lumière sur les événements s'ouvre ce matin.

Pierre Magloire, le frère de la victime, espère encore beaucoup de réponses. Comment un homme qui se présente lui-même à l'hôpital pour recevoir de l'aide peut-il être laissé seul? Pourquoi les policiers n'ont-ils pas attendu l'arrivée d'un collègue avec un pistolet électrique plutôt que de l'abattre de quatre balles?

Le 3 février 2014, Alain Magloire, un sans-abri qui était vraisemblablement en pleine détresse psychologique, a été pris en chasse par les policiers après qu'il eut fracassé une vitre à la réception d'un hôtel, au centre-ville de Montréal, avec un marteau.

L'intervention policière qui a suivi près de la gare d'autobus de Montréal s'est rapidement conclue par la mort d'Alain Magloire, 41 ans.

L'enquête publique ordonnée quelques jours plus tard avait d'abord été confiée à Me Catherine Rudel-Tessier. Comme cette dernière a depuis été nommée coroner en chef par intérim, c'est Me Jean-Luc Malouin qui a hérité du dossier.

On peut s'attendre à ce que les témoins et les policiers impliqués dans l'intervention policière soient entendus. Le coroner révélera le nom des premiers témoins ce matin.

«Il faut qu'on se questionne sur les interventions policières auprès de ces gens-là, plaide Pierre Magloire. Ce n'est pas normal qu'on utilise une automobile comme arme ou qu'un policier menace un individu, qui visiblement a des troubles mentaux, de l'attacher à un poteau par temps froid [événement impliquant un autre sans-abri l'hiver dernier]», soupire-t-il.

Depuis 2011, quatre personnes aux prises avec un problème de santé mentale ont été abattues par la police.

M. Magloire espère que le coroner recommandera aux policiers des formations approfondies sur les interventions auprès des personnes souffrant de problèmes de santé mentale.

L'enquête du coroner s'intéressera autant à l'intervention policière qu'au contexte l'ayant précédée, à savoir s'il aurait pu recevoir davantage d'aide pour ses problèmes psychologiques.

Le rapport médical d'Alain Magloire, obtenu par Radio-Canada, démontre qu'il avait cherché de l'aide à l'hôpital à plusieurs reprises en 2013, en vain. «Comment se fait-il que le système de santé puisse échapper la balle si facilement?», s'insurge Pierre Magloire.

«Un problème de société»

Le coroner pourra contraindre à comparaître tous les témoins qu'il souhaite. L'application des recommandations qui pourraient être faites au terme de l'enquête n'est toutefois pas obligatoire.

«Rien de ce que le coroner fera ne me ramènera mon frère, alors il faut tout faire pour qu'il ne soit pas mort en vain, conclut M. Magloire. C'est un problème de société qui est récurrent et on doit le régler, tout le monde peut se retrouver dans la même situation qu'Alain.»

Alain Magloire avait une conjointe ainsi que deux fillettes et il travaillait comme chercheur en biochimie lorsque sa vie a basculé en raison de ses problèmes de santé mentale.

Les audiences se tiendront jusqu'à jeudi au Centre de services judiciaires Gouin à Montréal, puis elles se poursuivront du 19 au 22 janvier. Le coroner pourra ajouter de nouvelles dates au besoin.